Regardez l’extrait ci-dessous :

Le film Le monde de Nathan est un film sorti en 2014 qui raconte une partie de l’enfance et de l’adolescence de Nathan, qui a des troubles autistiques accompagnés d’une capacité hors du commun à comprendre les mathématiques. Le titre du film original est X+Y, un titre sans doute plus difficile à distribuer bien que sans doute le titre le plus universel au monde… Je le préfère car il a le double avantage de planter le décor (mathématique) et suggérer la romance de l’histoire, c’est à dire l’ouverture au monde plutôt que la fermeture sur soi conféré par le titre français.

Cette scène est intéressante car elle montre les mathématiques, ce qui particulièrement délicat puisque c’est l’une des disciplines les plus abstraites qui soient… Et c’est aussi un incontournable car les amateurs aimeraient bien en avoir pour leur argent ! À titre de comparaison, le film Mary (Gifted) présente une scène tout à fait similaire, avec un dénouement, en deux temps, original.

Dans cette scène, Nathan et plusieurs camarades qui ont passé les sélections des olympiades des mathématiques, sont assis dans une classe à Taiwan. Ils font un stage d’entraînement ainsi que les sélections finales ; la pression est maximale. Après la présentation du problème, le coach désigne Nathan pour le résoudre. La manière dont il le désigne est d’ailleurs assez révélatrice : il se retourne d’un coup et cite son nom, ce qui n’est pas son habitude. Bien entendu, il est très facile de se mettre à la place de Nathan à ce moment-là, puisque c’est à peu près la hantise de tous les enfants (et même des adultes) de passer au tableau devant tout le monde. Par ailleurs Nathan n’est pas dans son élément lorsqu’il est entouré de monde, ce qui perturbe ses aptitudes mathématiques.

C’est la clé de cette scène : va-t-il réussir à résoudre le problème devant toute la classe ?

Le suspense est accentué par une série d’effets. La classe se tait soudainement, attendant le dénouement de cette désignation, les visages sont filmés en gros plan et en légère plongée. Il est encouragé par sa voisine Zhang Mei (le +Y du titre…) : on a tous envie d’y croire. En contrepartie son malaise est palpable dans toutes ses attitudes : il met du temps à se lever, se sent observé, marche tout doucement, rate la craie que lui lance le professeur, et se positionne extrêmement bizarrement au tableau, debout les yeux fermés et s’appuyant sur son front. Le temps est étiré, plaçant le spectateur dans une sorte d’expectative voyeuriste.

Il est intéressant de souligner que le problème en soi n’est pas particulièrement difficile. C’est un choix arbitraire sans doute pour que nous puissions suivre. En revanche, il me semble assez réaliste pour ce genre de concours (que je n’ai pas vraiment pratiqué cependant…). La difficulté ne réside pas tant à trouver la solution, qu’à proposer une solution élégante. Et c’est le point fort de Nathan, comme le soulignera le coach plus tard.

La clé de voute de sa démonstration consiste à modéliser le problème en un nombre binaire, ce qui est très astucieux. Par ailleurs, il choisit de noter 1 la carte face cachée et 0 la carte retournée, ce qui peut paraître contre-intuitif au premier abord, mais ne fait qu’appuyer l’élégance de son approche. En effet, il est, à la fin, plus naturel de démontrer qu’on se rapproche de zéro inéluctablement sans pouvoir diminuer davantage, que d’augmenter vers un nombre très grand (une suite de 20 chiffres 1) qu’on ne pourra pas dépasser.

Pendant la résolution du problème, il peut être difficile aux non-initiés de savoir s’il est en bonne posture ou pas. Les plans sur les deux professeurs, curieux d’abord, comme surpris par son choix de modéliser le problème ainsi, puis en signe d’approbation ; ainsi que ceux sur les élèves souriant, confirment le succès et évacuent la tension. Il est chaudement applaudi par ses camarades, qui se trouvent aussi soulagés de savoir que Nathan est, après tout, l’un des leurs : un surdoué en maths. C’est la première fois qu’il le prouve, là où d’autres se sont empressés de ne laisser aucun doute sur le sujet…

J’ai beaucoup aimé le film, qui présente le handicap et le « surdon » avec beaucoup de pudeur et de retenue. Les histoires parallèles contrastent bien avec celle du personnage principal, extrêmement bien joué par Asa Butterfield.

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