Les semaines précédentes étaient riches en activité. Outre les activités de développement informatique que j’entretiens, et regarder ma fille grandir, j’ai eu l’occasion de faire tout un tas de choses rémunérées ou non. Cela m’a naturellement fait penser au phénomène de « slasher » qui fait parler de lui de temps en temps, notamment auprès des générations les plus jeunes.

Le slashing, c’est quoi ?

Cet angliscisme (pas très joli) vient du mot slash, que les québécois (et moi) appellent barre oblique. C’est cette barre oblique qu’on utilise pour séparer les multiples activités qu’on peut exercer. Par exemple, je suis développeur/pianiste/enseignant. Il y a des barres obliques (slash) => je suis un slasher !

En fait c’est un phénomène profond qui se veut en rupture de la traditionnelle séparation entre vie professionnelle, sous-entendu lucrative, et vie privée, sous-entendu déficitaire, gratuite ou bénévole. Le slasher a plusieurs occupations, lucratives ou non, mélangées et par touches dans son emploi du temps. C’est un vrai défi organisationnel (et mental), mais c’est aussi un enrichissement permanent.

Ma semaine de slasher

Je dois dire que mon activité principale en ce moment c’est de… chercher une activité principale. Je slash par nécessité, mais cela ne suffit pas à remplir ma semaine (et mon compte en banque), j’ai donc passé une grande partie de lundi, et d’autres jours, à chercher du travail et à postuler. Comme certains savent, chercher du travail est vite une activité à plein temps. J’alterne entre des appels à mon réseau (toujours très réceptif) pour me positionner, des candidatures spontanées à des entreprises pour lesquelles j’ai un appétit, et des candidatures régulières. Je voulais au départ candidater à une offre par jour, mais j’ai réalisé qu’une bonne candidature me prend environ 3 heures, donc j’en choisi moins, mais je choisis mieux. Quand je peux j’essaye d’évaluer mes chances avec quelqu’un qui travaille dans l’entreprise ou proche de cette entreprise.

Je suis parfois l’ami appelé et c’était le cas mardi, j’ai aidé et guidé quelqu’un qui navigue dans le secteur de la musique classique. Donner et recevoir (du temps et des conseils) sont des activités qui vont bien ensemble mais sont complètement décorrélées.

Mercredi, je passais ma master class de piano. Une activité purement « gratuite » mais aussi riche en développement personnel et artistique ; et pour voir la chose un peu plus utilitaire: riche en réseau. C’est une nouvelle connexion faite avec le master, les professeurs organisateurs et les autres élèves. Ma soif de musique est sans fin, j’y ai passé la journée, en surfant parfois sur mon téléphone…

Mercredi soir j’ai remplacé mon frère à donner des cours de piano dans son école de musique. Après un briefing sur les élèves et les œuvres en cours, je me suis rendu sur place. Je prends des cours par ailleurs, mais comme dit le dicton, il est bon de prendre ET donner des cours. On apprend dans les deux cas, mais surtout on transmets nos connaissances, qui comme je l’ai entendu par Bernard Lahire récemment :

L’une des grandes spécificités de l’être humain c’est sans doute le fait d’enseigner

Bernard Lahire Professeur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon, détaché au CNRS

En parlant d’enseigner, c’est la fin du semestre. J’ai donc à corriger des copies de partiels (et bientôt de rattrapage) en ce qui concerne mon cours de HTML / CSS à l’école d’ingénieur. Coder sur du papier ce n’est pas la panacée — corriger non plus –, mais ça permet d’évaluer d’autres compétences. Et surtout d’évaluer des compétences non assistées, notamment par IA, ce que certains élèves adorent faire, en essayant de le cacher au prof moins dupe qu’il n’en a l’air. En parallèle, un projet à la maison complète l’évaluation. Toujours est-il que corriger les copies sérieusement est une activité que j’ai découverte, et qui est incroyablement chronophage. De plus, l’énergie qu’elle prend est telle qu’il m’était impossible d’en corriger plus de cinq à la suite. J’ai séparé mon temps de cinq en cinq tout au long de la semaine, pour finir dans le temps requis. Je fais ça dans le silence tamisé de la bibliothèque des arts ou de Chalucet.

Une fois, en face de moi, un homme s’adonnait à la même activité. Vu la nature de ses copies, cela semblait être une épreuve plus officielle que la mienne ; cependant son souvent air absent, dans le vide, entre deux corrections, me fait penser que lui aussi a du mal à en faire plus de cinq à la suite…

Direction l’aéroclub en fin de semaine, pour un vol de formation, un œil rivé sur la vitesse, l’autre sur mon compte en banque. La vie du club m’ouvre aussi des portes en développement informatique, besoin récurrent des individus et structures qui veulent s’organiser. Avoir un informaticien sous la main leur est en ce moment plutôt utile. C’est aussi un axe de développement professionnel. Quand on slash et qu’on est indépendant, on est toujours un peu à l’affût.

Les lieux de slash

Le slashing en tant que tel invite à beaucoup de sujets comme les dispositions légales et administratives concernant le cumul des activités. Je trouve qu’il appelle aussi à considérer les lieux de travail, lorsqu’ils sont décorrélés du lieu de l’activité. Les salles de coworking sont idéales, bien que payantes ; et les bibliothèques parfaites lorsqu’on n’a pas à téléphoner, bien que les horaires soient restreints, et compliqués (impossible à retenir par cœur). D’ailleurs, on y trouve des personnes de tous les âges, avec ou sans livres de la bibliothèque, presque toujours avec un ordinateur, dans le respect du silence. Je ne suis jamais déçu de ma productivité dans ces lieux, qui malgré tout s’adaptent très bien à toutes sortes d’évolutions de la société (alors que c’est historiquement lié au stockage et à la mise à disposition de livres papiers…). Vous pouvez relire mon article sur le sujet. Comme le dit Albert Einstein :

La seule chose qu’il faut absolument savoir, c’est l’emplacement de la bibliothèque.

Albert Einstein

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