Aujourd’hui c’est la grande ascension. Sélectionnée pour passer la frontière je revoie la vielle ce qui m’attend. En ce domaine je ne sais pas trop de quoi je suis capable ou non. Monter des cols en vélo n’est pas vraiment ma routine. Je profite aussi de cet article pour partager quelques dessous de mon voyage.

L’hôtel de Saint-Sauveur-sur-Tinée m’a formellement interdit de monter le vélo dans la chambre. J’ai pas fait la fine bouche car l' »offre hôtelière » n’est pas non plus foisonnante… Le parking extérieur est soi-disant fermé à clé mais je découvre le matin que l’antivol sur le portillon n’est pas fermé. Ils ne voulaient pas se lever à 6h pour moi ! Frais comme un gardon j’affrète mon minimal chargement tout en ramassant mes chaussettes tombées dans la cour en séchant.

Le col de la Lombarde

Le sujet du jour c’est donc ce col. 2350m d’altitude, 1577m de dénivelé depuis Isola. Je n’ai pas trouvé à me loger dans le village au pied du célèbre Isola 2000 donc je parcours les 14km à la fraîche pour rejoindre le départ (eh oui ça monte). Ce col des Alpes n’est ni le plus haut, ni le plus raide, ni le plus long… au risque de décevoir les chercheurs de records. Mais ce sont les Alpes, n’oublions pas. Pour moi c’est le Mont Blanc.

Un panneau bleu annonce la couleur.

Mes jambes piquent un peu et mon fessier regrette le canapé de la maison. Et je n’ai pas commencé l’ascension. Cependant, je décide de jouer la carte de la sérénité. Je suis parti tôt, il fait beau, j’ai le temps et aucun hélicoptère ne filme et commente mon ascension. Je prends mon rythme, que je trouve affreusement lent, vise des étapes de 5km pour faire une mini pause, et place un objectif intermédiaire à la station pour manger un petit dej.

On va pas se mentir, c’est dur. C’est pénible et long, et une fois mis de côté la recherche de performance, mon meilleur atout est la patience. La route est belle, il ne fait pas chaud et même parfois, je profite ! À vrai dire, ma montée vers Pierlas hier était plus difficile. Comparable sur le papier, je l’avais moins préparée et j’ai subi la chaleur.

Peu avant Isola 2000 la vue se dégage. Le village connu pour sa boulangerie ses sports d’hiver se réveille tranquillement et semble l’ombre d’elle-même face à la saison hivernale. Les télésièges tournent à vide et la route est peu empruntée. Cependant de nombreuses voitures sont garées au parking et une bonne ambiance règne dans la galerie commerciale à la déco bois et aux gros paillassons en alvéoles de caoutchoucs.

La dernière partie est de 5km environ et cette fois offre des vues remarquables sur la vallée française. La route du col slalome tant bien que mal autour du vallon de Chevillon qui est trop étroit pour offrir les plus belles vues des Alpes, il faut vraiment attendre la fin.

La route pendant la montée.

Au col, des motards, cyclistes et automobilistes des deux pays profitent du lieu où un snack opportun vend des canettes. Je me fais prendre en photo et attaque la descente. Côté italien, la route est moins encaissée mais beaucoup plus étroite. C’est une vraie partie de plaisir que de la dévaler après tant de difficultés.

Panorama vu du col, côté italien.

Côté italien

C’est alors l’Italie qui se découvre à moi. Ma victoire. C’est la première fois que je franchis une frontière en vélo. Les premières routes sont superbes. La vallée de la Stura di Demonte est très large. D’un côté la grande route longe la rivière, de l’autre une petite route va de village en village. Et c’est plat !

Les virages serrés en fin de descente côté italien.
La vallée de la Stura di Demonte qui coule intégralement dans la province de Cuneo et se jette plus loin dans le Pô.

Le temps menaçant m’impose de revoir mon trajet et je sécurise une grande ville, Cuneo, pour me laisser plus d’options. J’ai bien fait car la pluie est ensuite bien tombée. Mais trouver un hébergement le jour même un vendredi s’est avéré plus difficile que prévu, j’ai dû passer pas mal de coups de fils mais j’ai pu trouver. Cuneo est une ville très agréable. Pas particulièrement charmante au premier abord par sa grande route rectiligne qui la traverse, mais elle est remplie de petits commerces sous des arcades et attire une population variée d’Italie et d’ailleurs. On y trouve de tout et on peut tout faire à pied.

Dans les ruelles de Cuneo

La routine de l’arrivée

Après avoir mangé et m’être reposé commence ma routine de l’après-midi. Premièrement, trouver un logement si ça n’a pas été fait avant. Côté français l’anticipation était de mise tant les villages étaient espacés et le dénivelé difficile. Ici, c’est plat. Il y a plus de villages et de grandes villes. Je peux arriver en espérant trouver alors là où ça aurait été un trop gros risque avant.

Une fois dans mon logement je fais invariablement :

  • Ma lessive. Si j’ai la certitude que ça sèche je lave tout. Je commence par ça.
  • Je mets à charger ma montre et mon téléphone que j’utilise quand même pas mal dans la journée. Et je n’ai pas de « power bank ».
  • Je dors en attendant que ça charge/sèche.
  • Je m’étire consciencieusement.
  • Je prépare la route du lendemain, c’est à dire que j’écris sur mon post-it les villes à traverser et les routes à prendre. J’ai toujours trouvé ça plus utile qu’un appareil électronique car j’ai la vue d’ensemble et je peux réajuster (là où un froid « tournez à gauche » ne m’inspire pas confiance).
  • Je trie mes photos et écris sur les réseaux.
Par chance j’ai un aujourd’hui un ventilo qui sèche mes affaires plus vite ! Ce sont des vêtements techniques donc ça sèche vite.

Ensuite, je peux sortir explorer les environs (et chercher à manger), dès que mes vêtements sont secs. Et si besoin me ravitailler en barres de céréales, que j’arrive toujours à trouver.

Selon les lieux c’est plus ou moins intéressant. Ici à Cuneo c’est un régal, il y a tant de petites choses à voir, et il fait bon. À Saint-Sauveur c’était plus ennuyeux. Il faisait trop chaud et en un tour je connaissais tous les pensionnaires et pouvais les localiser dans la ville. J’ai fini par assister à la partie de pétanque par les vieux du coin, c’était sans doute la meilleure chose à faire !

Il faut rappeler que je suis forcément en tongues et tenue de cycliste… la seule que j’ai (et je considère les tongues comme du luxe, qui me prend une place considérable sur mon vélo). Et je ne peux pas vraiment acheter de souvenirs car je n’ai pas de place. Dans tous les cas je m’imprègne toujours des lieux et suis impatient de sortir dès que mes obligations sont remplies.

Chiesa parrocchiale del Sacro Cuore di Gèsu

Demain c’est une route de plat, 90km, qui m’amène à Turin, ma destination finale (quoique…. ?). Ça va sans doute me paraître facile !

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3 commentaires

  1. Ah oui, pas d’antivol du coup ? Ça nous fait souvent peur de ne pas retrouver nos vélos le matin, pas évident de trouver des logements où ils pourront être sécurisés sans forcément les monter dans la chambre !

    1. J’ai acheté un antivol pour le geste, et je l’ai utilisé (quand je vais acheter des trucs dans un magasin par exemple), mais il est très peu sécurisé. Et honnêtement parfois je le pose juste à l’entrée sans l’attacher et je jette un oeil toutes les 10 secondes. Bon j’ai déjà perdu un vélo comme ça, donc je ne recommande pas ! C’est l’aspect un peu pas pratique quand on voyage seul… Pareil quand je veux aller aux toilettes dans les grandes villes…

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