Après une année 2016 sans triathlons, que j’ai troqués contre un marathon et un semi-marathon de préparation, je reprends mon triple-sport de prédilection avec le triathlon de Paris. En plus, l’ambition des JO 2024 plane sur la capitale, et le triathlon que Paris avait convaincu à rendre discipline olympique fait une fois de plus figure de proue. Il faut dire aussi que la nage a été remise au cœur de la ville, dans le bassin de la Villette puis le canal de l’Ourcq, rendant à nouveau cette épreuve indispensable à tout amateur de la discipline. Le dernier que j’ai fait proposait une nage dans la base de loisir de Choisy le Roi, dont je parle ici, et qui s’est avéré être une fausse bonne idée : difficile d’accès en transport (et loin !) et une eau croupie qui puait à vomir. Le canal de l’Ourcq à côté est une source thermale.

Bref.

Après un entraînement sérieux de quatre mois, je fais ma checklist du triathlète la veille du départ. Je la relis 50 fois pour être sûr de ne rien oublier, et je pars à l’assaut des points de dépôt des affaires. Car le triathlon de Paris a cette particularité d’être « en ligne », c’est à dire que les transition T1 (nage – vélo) et T2 (vélo – course), ne sont pas au même endroit. Il faut donc aller déposer son sac T2 à Tour Eiffel et son sac T1 (+ vélo) à la Villette. Mais il faut d’abord retirer son dossard (à Tour Eiffel). J’y consacre une partie de mon samedi. C’est le tarif. Il faut dire que c’est bien organisé et bien expliqué. Le « mémo du triathlète » semble écrit pour moi. Je le relis 50 fois quand même, pour être bien sûr…

En allant poser mon vélo au parc à vélo (à la Villette, si vous suivez), je crève ! La poisse. Je tente de remplacer vite fait, mais mes démonte-pneus premier prix me lâchent dans les mains, et par ailleurs je n’ai qu’une seule chambre de rechange, en l’utilisant maintenant, je n’en aurai plus le jour J (erreur à ne pas commettre). Pris par le temps, je dois laisser mon vélo crevé dans l’air de transition. Outre l’aspect enquiquinant d’avoir à changer une roue, cet événement dont j’ai hélas trop l’habitude depuis que j’ai changé de pneus, altère ma confiance en mon matériel. C’est un élément crucial ! A ce stade, je suis sûr que je vais crever le jour J. Et j’en ai pas envie.

J’arrive à passer rapidement au Décathlon en fin de journée pour racheter des chambres et de quoi changer ma roue (grâce à Fabien 😉 ). Je prévoie d’arriver très tôt au parc à vélo le lendemain. Je transforme ce drame en anecdote en prenant soin de bien changer ma chambre à air, d’en placer deux d’avance dans ma petite sacoche de vélo, et en inspectant très minutieusement les pneus. Je constate 4 ou 5 micro morceaux de verre ou de cailloux incrustés dans le pneu ! Je les retire un à un. La pluie est au rendez-vous, et je décider de légèrement sous-gonfler mes chambres à air pour gagner en adhérence.

J’ai repris de la sérénité. Je quitte le parc avec mon sac noir. Le sac noir c’est celui qu’on met dans le camion et qui nous attendra à l’arrivée. Il contient mes affaires de ville. Une fois dans le camion, je réalise que j’ai oublié d’y mettre mon pull ! Je remonte pour le mettre (c’est en accès libre). Mais une fois à terre je réalise que j’ai oublié d’y mettre mon petit boitier de bouchons d’oreilles, qui ne me quittent pas en natation. Je remonte. Bien. En voulant mettre mes lunettes de plongée, je constate que j’ai oublié de retirer mes lunettes de vue !! Je remonte dans le camion… La foule de triathlètes en combinaison se rassemble dans un square pour enfant transformé en sas de mise à l’eau. L’odeur du néoprène des combinaisons, si caractéristique des départs de triathlons, imprègne l’atmosphère qu’une bruine ne cesse de balayer depuis 30 minutes. Ce triathlon sera humide !

Grande nouveauté, le départ natation se fait au fil de l’eau. Une fois à l’eau, le chrono personnel se lance et c’est parti ! Contrairement à l’ordinaire où tous les participants se mettent à l’eau et attendent le départ par grandes vagues de milliers de personnes. C’est beaucoup plus agréable, on est moins au contact des autres nageurs. J’arrive à maintenir une grande régularité sur ma nage, et à mettre de la force à chaque mouvement. Je commence à doubler d’autres nageurs à mi parcours. Les nageurs m’enferment à droite du canal et je nage à 20 centimètres du bord, ce qui facilite en vérité ma navigation, déjà pas très difficile grâce à cette ligne droite. Une natation en ligne droite est assez rare pour être soulignée. D’habitude on tourne autour de bouées, ce qui complique l’orientation, nous met au contact des autres nageurs et accentue le risque de crampes à cause du changement de rythme (en tout cas pour ma part). Je sors de l’eau après 26 minutes, un bon temps pour moi.

Je cours choper mon vélo. Il y a encore beaucoup de vélos dans le parc. Je jette toutes mes affaires de nage dans le sac bleu, que je dépose à des bénévoles en sortant du parc. Il pleut, ça glisse, et c’est des pavés ! Rien de pire que de rouler sur des pavés. En fait si : courir avec des chaussures de vélos, en tenant un vélo et un sac bleu sur des pavés mouillés, c’est bien pire. Je me suis pas gamellé, mais il fallait faire attention. Un des grands rôles des bénévoles ce jour-là était de hurler toute la matinée « attention, ça glisse ! ». C’est utile, car le triathlète, dès la sortie de l’eau, est déjà moins lucide. C’est une réalité. J’enfourche mon vélo et je me lance sur les pavés que je connais par cœur. La Villette est mon voisinage, je suis ici chez moi. Quel plaisir ! Mais la section pavée dure longtemps, 2km environ (je ne passe jamais par là en vélo en entraînement car justement c’est des pavés). Je redouble de prudence, et je me félicite de mon gonflage. Il est au poil. En prenant un peu de confiance, sans prendre de risque, je commence à doubler sur les pavés, le long du canal que d’autres sont en train de nager.

Dans les rues de Paris j’évolue seul. Je donne beaucoup de force, sans me brûler (contrairement à Cherbourg). Sur les quais je rejoins un groupe très rapide. Je suis pas sûr de tenir, mais je tente le coup quand même. Impossible de prendre le relais par contre (passer en tête du groupe). La pluie créé des grandes projections d’eau dès lors qu’on draft, c’est à dire qu’on se colle au cycliste de devant pour économiser du frottement au vent. Pratique autorisée sur le triathlon de Paris. Je bouffe au moins 4 litres d’eau et de poussière dans la gueule. Je ne vois rien. Mais c’est cool. Je tiens le rythme. Sur ma transition natation, j’avais oublié d’enlever mes bouchons d’oreille. Je les retire alors que j’entre dans un tunnel que je reconnais du marathon de Paris. Le parcours est en grande partie le même. Je suis à domicile ! Ca fait du bien.

La pluie ne me gêne pas. Je me suis entraîné plusieurs fois en mauvais temps. Ce qui devait arriver arriva : le groupe me distance en entrant à Boulogne et je ne tiens pas le coup. Il se disloque un peu plus loin et je mets de la force qu’il faut pour retrouver 4 concurrents. On reforme un groupe. J’ai l’habitude de ces pratiques en m’entraînant à Vincennes. Ca marche comme ça. J’ai une bonne forme, et c’est à mon rythme. A ma surprise, le groupe est assez organisé. Un des gars lance « Allez, relais toutes les trente secondes ! On tourne ! » OK. Dès que le coureur en tête regarde derrière, un autre passe devant. Les virages sont mortels. On ralentit à fond devant les bénévoles qui nous disent, infailliblement « Attention, ça glisse ! ». Ils font bien, car en sortant de Boulogne, deux gars du groupe dans lequel je suis se retrouvent par terre. La galère (pour eux). Le relais fonctionne bien, mais on en perd petit à petit. Les groupes se forment et se délitent. En quittant Boulogne et en rentrant dans Paris, le rythme s’accélère. A chaque virage la relance est terrible, car on ralenti beaucoup ! Je dois encore forcer pour rejoindre le groupe qui file sur la voie Pompidou. Mais j’ai encore des jambes. On voit la Tour Eiffel.

Changement de sport. Je retrouve mon emplacement assez facilement, enfile mes chaussettes et chaussures et file sur la partie course à pied. Les débuts sont difficiles, comme toujours ! Je suis pris de points de côté permanents qui ne me quittent pas pendant 5 kilomètres (la moitié du parcours). J’ai du mal à caler ma respiration, et à évaluer mon effort et ma vitesse. J’ai peur de me cramer. Je suis sûr d’une chose : mes jambes vont bien, malgré ce vélo assez fractionné. Je leur fait confiance et passe la moitié de la course à trouver mon rythme de respiration. Mes douleurs finissent par partir, mais se font remplacer par la fatigue. Il ne pleut plus depuis la fin du vélo. J’arrive à me caler derrière un groupe de deux coureurs. Comme en vélo, on se suit en file indienne, mais à la première montée le second décroche. Je recolle, même si la montée n’est pas mon fort (je ne m’entraîne que sur du plat). Je parle de montées minimes au final 🙂 mais rien n’est minime après 2 heures de course ! Ce coureur me sert de lièvre et on échange même quelques mots dès que nos montres kilométriques sonnent ensemble. « 5km ? – 5 km ! » (oui, dans ces moments-là on oeuvre à l’économie). Il me distance un peu mais je ne me mets pas dans le rouge. Ma famille est venue m’encourager et me voit plusieurs fois sur le parcours. Ça me redonne du mental à chaque fois, et instinctivement j’accélère un peu et reste au contact de mon lièvre. Je finis plutôt fatigué, mais d’une fatigue qui ne m’a vraiment atteint qu’aux deux derniers kilomètres. J’ai fait confiance à mes jambes et j’ai bien fait !

Quel plaisir de passer la ligne sur le champ de mars, après une course de 41’04 », un temps vraiment remarquable pour moi en course à pied, et en triathlon ! (j’ai fait seulement 34 secondes de moins sur le 10km de Boulogne). J’ai passé une course vraiment sympa. J’ai profité du départ de la nage au fil de l’eau, j’ai su tirer profit du mauvais temps mieux que d’autres (la pluie ne m’a pas gêné), et j’ai beaucoup progressé en course à pied, sans doute grâce au marathon de l’an dernier (et à son entraînement) ainsi que mon 10km de Boulogne donc. En achetant des chaussures qui s’enfilent vite, j’ai optimisé mes transitions (en évitant mon cauchemar de Cherbourg). Et aussi, j’étais familier du parcours et ne me suis pas laisser surprendre par les quelques escaliers de course à pied, ou la montée sur les pavés du Trocadéro. Je finis en 2h16, ce qui correspondait à mon objectif haut. Je suis hyper content. En plus, je constate que j’arrive 82ème sur 2401 participants, du jamais vu !

Cependant j’aimerais encore progresser un peu en natation. Ca vaut le coup d’appuyer plus sur ses bras, qui ne serviront pas le reste du triathlon ! Mais nager en eau libre et en plus en combinaison est bien différent de la piscine chlorée en slip de bain. Difficile de mieux m’entraîner… Au vélo, j’ai l’impression de tirer le maximum de mon Specialized, mais j’ai quand même fait des meilleures temps dans le passé en pédalant groupé… la météo n’était pas favorable à des pointes de vitesse on va dire !

Chapeau aux organisateurs ! Pas facile d’organiser un triathlon en ligne pour autant de participants. A l’arrivée, le ravitaillement est royal. Je récupère mon sac noir dans le camion, puis le sac bleu de T1 qui nous arrive par camion. On attend les derniers participants en vélo (très très applaudis par les triathlètes qui ont déjà terminé) pour récupérer notre vélo et les affaires qui vont avec. Dans la bataille, j’ai perdu mes lunettes de soleil que javais mises dans une poche arrière de ma trifonction, ainsi qu’un bouchon d’oreille. Pas terrible ces poches ! J’aurais dû tout mettre dans le sac bleu mais j’ai pas eu la lucidité sur le moment !

Si le format reste le même, je le retente l’an prochain, en visant 2h10 ! Soyons fou. Prochaine échéance, Chantilly 2017 !

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