Le compositeur Oskar Posa n’est pas très connu. Il est même complètement tombé dans l’oubli, alors qu’il jouissait de son vivant d’une bonne renommée. J’ai croisé sa trace cette semaine grâce au travail d’une connaissance, Olivier Lalanne, qui l’a ressuscité à travers un concert à Paris. Une critique instructive du concert se trouve ici, sur le site de Forum Opéra. On y lit notamment :
Lire la suiteEn prélude au concert parisien, Olivier Lalanne a raconté au public ses quatre années d’investigation à Vienne et dans d’autres bibliothèques européennes. A son grand étonnement, Oskar Posa, qui n’apparaît aujourd’hui dans aucun dictionnaire de musique, avait connu de son vivant une notoriété inouïe en Europe et aux États-Unis. Lors du déchiffrage des partitions retrouvées, par la pianiste Juliette Journaux, c’est le choc : ce sont de grands chefs d’œuvres
Marcel Quillévéré sur Forum Opéra
Après quelques recherches, je me rends compte en effet qu’il est très difficile de trouver quoi que ce soit sur Oskar Posa, et encore moins d’entendre sa musique. Un disque sera à paraître au printemps 2024. En attendant, on se contentera de courts extraits sur X (ex-Twitter). Sur la bibliothèque numérique IMSLP, on y trouve la partition de sa sonate pour violon et piano, mais le gros de son répertoire se trouve dans le lied.
Pour rester côté musique, cette vidéo de Tonebase Music parue il y a quelques jours mets en avant le pianiste canadien Marc-André Hamelin, que j’adore, et qui est connu pour jouer… à peu près tout (tant que c’est très très dur). C’est un phénomène du piano depuis des décennies, et il répond à une interview plutôt originale qui est de commenter les passages très difficiles d’œuvres connues pour piano. C’est en anglais, mais c’est très bien monté : on y voit le pianiste, ses mains, des bouts de partition synchronisées, et des citations de vidéos de lui-même dans le passé. Une bonne manière de se replonger dans ses enregistrements. Ce pianiste est hors limites.
Côté cinéma, j’ai rattrapé mon retard avec Oppenheimer, le dernier film de Christopher Nolan. Le film est très bon, mais bien en-deça de ses précédents films, selon moi car il a tenté de combiner ce qui faisait son originalité sur un sujet qui ne s’y prête pas tellement. Nolan a toujours fait du temps une part primordiale de son cinéma, dans Memento qui est monté « à l’envers », Inception qui voit le temps s’allonger en fonction des niveaux de conscience de la cible, Interstellar où, couplé à l’espace, nous fait entrer dans des problèmes physiques très cinématographiques (son meilleur film selon moi) ou encore Tenet où le traitement du temps qui avance dans le futur et le passé est poussé à son paroxysme. Oppenheimer est un biopic politique. Agencer trois époques en même temps pour raconter sa vie est intéressant mais ne sert pas tellement le propos. Par ailleurs, une grande partie du film détaille le rapport de force entre Lewis Strauss et Oppenheimer, ce qui ne m’a pas paru valoir autant d’attention, d’autant que l’impact qu’a Oppenheimer sur le grand public n’est pas du tout exploré. Les visions de l’espace dans la tête d’Oppenheimer ne m’ont pas paru de grand intérêt non plus.
Le thème de la bombe atomique est assez difficile en soi à porter à l’écran, car à part l’explosion en elle-même, il n’est pas très visuel. Tout le propos tient donc en des aspects scientifique, politique et philosophique, thèmes beaucoup moins spectaculaires… On doit donc se contenter de discussions, de réflexions et de décisions. Ce qui est très bien ! (et ce qu’a admis Kubrick dans son Docteur Folamour), mais ne nécessitait pas une lecture en trois époques parallèles avec des incursions de modélisations spatiales…
Cela dit, le jeu d’acteur est excellent et sert à merveille justement les dimensions scientifique-politique-philosophique dont le film est grandement question ; et la scène du premier essai de la bombe est à couper le souffle. On reste dans les hautes sphères du cinéma américain.
Côté lecture, j’ai poussé les portes de la très belle bibliothèque du musée d’art de Toulon pour piocher (presque) au hasard un livre sur le célèbre navigateur français Dumont d’Urville. Célèbre au regard de l’histoire de France, mais pas tant que ça du grand public. S’il a été le premier français à fouler l’Antarctique, il n’a pas été le premier tout court, ni son découvreur (ce que retient bien l’histoire). Cependant, cette expédition et les précédentes, ont été exemplaires sur le plan scientifique et se sont avérées grandement utiles en géographie, biologie et anthropologie. Dumont d’Urville est aussi celui qui a ramené la Vénus de Milo en France, et qui a le premier remonté des objets du naufrage de La Pérouse. Le livre Dumont d’Urville de François Bellec (2019 chez Tallandier) dresse un portrait rapide mais fort bien écrit et illustré sur la vie publique et privée du navigateur. Le Musée de la Marine de Toulon a édité un podcast cette année qui retrace ses exploits, disponible ici.