Cela fait déjà un an que je suis devenu nomade et pourtant je n’en ai jamais véritablement témoigné. Ma vie a changée et j’aurais beaucoup à dire. Je vais en rester à un sujet ici : le lieu.
Où aller quand on peut aller partout ? Lorsque l’on est condamné dans la grisaille parisienne, le choix semble évident : le soleil, la plage, ces lieux qui nous renvoient instinctivement (et subjectivement) une vie douce : pour l’Europe, Lisbonne, Malaga, Barcelone, Rome, … Pourquoi pas Athènes ?
Une fois libre cependant, le choix ne se pense plus comme une simple opposition. Après tout mon projet de devenir nomade ne s’est pas construit en opposition à la grisaille parisienne.
Les choix de villes dans mon cas, cette dernière année, furent à la fois ceux du cœur, de l’instant, mais aussi liés à des contraintes. L’Europe pour moi est la première contrainte, pour des raisons professionnelles et pratiques. L’accès à Internet est crucial, pour moi comme pour tous les nomades. La disponibilité (et le prix) du logement est aussi une contrainte de taille.
Ce que je veux vous dire c’est plutôt ce qu’on fait de ces lieux une fois qu’on y est. À Berlin je bafouillais l’Allemand avec des turcs et des iraniens le temps d’une heure face à la même adversité ; près d’Alès je nageais dans une piscine municipale déserte les bras et les coudes fendant l’air chaud du soir gardois ; à Peyrolles-en-Provence j’avais un lac tout entier pour moi que je rejoignais à travers les champs de tournesols à l’affût des premiers rayons du soleil ; à Ljubljana je travaille face à une forêt pleine de bons conseils (et parfois enneigée).
Aucune de ces raisons ne furent les miennes, ni n’étaient prévisibles. Elles sont apparues sur le moment, le temps d’apprivoiser les lieux. Je crois qu’on peut s’ennuyer ferme dans une ville attractive et s’éclater dans une ville perdue dont personne ne parle.
Aussi, j’ai remarqué durant cette première année à quel point la contrainte est salvatrice. Il est difficile mentalement de « pouvoir aller partout » ou « faire ce qu’on veut ». Lorsque la situation se présente : où aller, et que faire ? Le moindre choix semble être le mauvais. Face à cet océan de choix, la contrainte est un radeau. « Bien, je dois rester dans le même fuseau horaire ». Ainsi les choix se précisent, sans pourtant perdre en qualité. Si la contrainte semble sur le moment frustrante, elle est en fait d’une grande aide.
En plus de la contrainte, je continue d’entretenir une part de rêve dans mes destinations. Parfois il n’y a aucune raison. Un nom de ville, de pays fait rêver, la curiosité d’un endroit ou d’une culture inconnue… Dans ce cas, je ne me documente très peu, je préserve cette imaginaire et je commence à regarder les billets d’avion. Il est alors difficile de se justifier, ce que je dois faire souvent ! Beaucoup me demandent « pourquoi cette ville ? ». Il n’y a pas de vraie raison : j’en avais envie et ça respectait mes contraintes.
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