Depuis plusieurs années déjà, et dès la fin de ma troisième année de licence en musicologie par le CNED, j’utilise le principe des cartes mémorielles, ou flashcards pour apprendre des éléments factuels. Le nom est intimidant mais le principe est simple. C’est un système d’auto-révision qui permet d’apprendre par cœur et de retenir des connaissances en optimisant à la fois le temps passé à réviser et l’attention sur les difficultés.
Prenons l’exemple de l’apprentissage de l’anglais. Chaque carte possède sur son verso un mot à traduire, disons « brouillon ». Le recto contient la réponse, ici « draft ». Lors d’une séance de révision, en tirant cette carte et en lisant le verso, on y répond (soit intérieurement, soit à haute voix très fort dans le bus par exemple). Si la réponse était plutôt facile (je connais bien ce mot), alors je la range dans un tas « facile ». Il y a trois tas (par exemple) : « facile », « difficile », et « à refaire ». Au sein de la même séance de révision, les cartes « à refaire » seront relues jusqu’à être sues.
Lors de la séance de révision suivante, disons le lendemain, on révise à nouveau en respectant un ordre. Là est toute la clé de la répétition espacée. Ainsi on commence par les carte « difficiles » de la veille, on y introduit un nombre de nouvelles cartes aussi à réviser, et éventuellement des cartes faciles. En répétant à chaque révision ce procédé, les cartes difficiles reviendront très souvent jusqu’à devenir faciles, en passant moins de temps sur celles déjà connues. C’est une technique qui a été inventée et popularisée par l’allemand Sebastian Leitner dans son livre Comment apprendre à apprendre de 1972. C’est pourquoi il porte aussi le nom de Technique de Leitner.
Les paquets de cartes sont personnels car chacun apprend différemment, avec son historique de connaissance et ses compétences propres. Par exemple, une autre traduction de « brouillon » en anglais pourrait être « sketch ». Il se trouve que vu ce que je peux apprendre, « draft » est ce qui convient, mais ce n’est pas très précis pour être une vérité absolue. J’aurais bien sûr pu détailler le verso de la carte en donnant du contexte ou un indice sur la réponse, ce qui peut être utile pour les homonymes. Notez que dans ce cas, la carte est réversible. En fonction du type d’apprentissage, on pourrait vouloir apprendre de l’anglais vers le français avec le même paquet de carte.
Bien entendu, dans un monde nomade et numérique comme le nôtre, il existe plusieurs applications qui modélisent ce procédé comme Anki, Mnemosyne, ou SuperMemo. Moi j’utilise Anki, sur mon téléphone (l’application pour les téléphones Android s’appelle AnkiDroid). Concernant le vocabulaire – car j’apprends en ce moment le Slovène – je saisis mes cartes de telle sorte qu’elles soient réversibles. A chaque interrogation, seul un côté est montré puis à l’affichage de la réponse l’autre s’affiche. En fonction de ma facilité à répondre à la question, je clique ensuite sur un bouton Difficile, Facile, Bon ou Encore (seulement pour les nouvelles cartes). C’est presque rigolo !
Faciiile ! Je clique sur bleu et la carte me sera répétée dans 8 jours.
Bien entendu, l’apprentissage d’une langue ne réside pas entièrement dans cette technique. Elle exclut la prononciation (on peut quand même faire des cartes avec des médias dans Anki) et les constructions grammaticales complexes. S’il faut réfléchir longtemps avant de répondre, les révisions deviennent trop fastidieuses. Cela dit, comme cette technique permet d’apprendre et de retenir des petits faits, il ne s’applique pas qu’aux langues. Comme je l’ai dit je l’ai appliquée à mes révisions musicologiques, typiquement pour des dates historiques ou des noms de compositeurs. Elle marche bien pour de l’apprentissage visuel comme les drapeaux des pays du monde (ou des régions, soyons fous).
Si j’ai dit que les paquets sont personnels, une belle fonctionnalité de Anki est de partager des paquets. Avec le moteur de recherche dans l’application, j’ai pu télécharger par exemple celui des drapeaux du monde. C’est un paquet difficile à créer car il faut trouver toutes les images, et assez impersonnel il faut le dire, donc il se partage bien. J’en ai trouvé un sur le slovène (anglais-slovène, donc il faut aussi bien comprendre l’anglais)… Je n’ai pas encore partagé les miens, mais qui sait, un jour peut-être !
Pour finir, un autre avantage d’utiliser une application plutôt qu’un paquet de cartes est qu’on peut faire des statistiques. Et Anki ne se prive pas. Voyez plutôt :
Les cartes en réapprentissage sont celles qui étaient connue, puis oublié par la suite (passé de Bon/Facile/Difficile à Encore). Apprentissage sont les nouvelles cartes uniquement.
La technique ne fait pas tout cependant… le secret comme toujours est la régularité. Cela dit, quitte à y passer du temps, autant qu’il soit bien investi !
[…] Lire aussi mon article Apprendre avec les cartes mémorielles […]
Coucou, je n’avais pas lu cet article mais il est super intéressant ! Je ne connaissais pas cette technique. J’avoue que la version sur mobile ne m’intéresse moins que la version papier, mais j’imagine que tu y gagnes pas mal de temps. J’ai justement plein de concepts à apprendre en ce moment pour une certification… Je vais peut être tester ! Et surtout je garde l’idée pour les enfants 🙂