Ceci n’est pas un récit sur le vif. Je suis rentré en France depuis bien longtemps et cette dernière étape manquait au récit. Et elle n’est pas sans intérêt puisqu’elle couvre deux villes intéressantes : Cartagena et Almería. Par ailleurs c’est aussi la fin de la croisière, en ce qui me concerne, bien qu’il s’agisse cette fois-ci un récit de terrien.

En effet, en étudiant la météo et les temps de navigation, nous décidons d’amarrer Santana à Cartagena alors que nous prendrons le bus jusqu’à Almería. Le cap de Cabo de Gata peut réserver de mauvaises surprises et allonger considérablement le temps en mer. Une pause à terre est la bienvenue.

Impossible d’arriver discrétos à Cartagena. La baie profonde qui accueille le port est protégé par des forts et canons flanqués sur les remparts naturels d’un chenal sinueux. Carthagène a un passé militaire important et fut une ville de l’Empire romain de tout premier plan. À partir des règnes de Charles Quint et de Philippe II d’Espagne, le rôle militaire et défensif de Carthagène fut considérablement renforcé, que ce soit au niveau de la flotte royale ou comme enclave militaire avec le renforcement des murailles et la construction de quelques fortifications côtières, tels que le Fuerte de Navidad.

Les remparts de Carthagène
Dans le grand théâtre romain
Vestige romain

La muraille qui entoure la ville contribue à l’identité de la ville. Elle est visible de nombreux endroits et en un excellent état de conservation. Elle isole cette ville surélevée et paradoxalement l’éloigne de la mer. En se promenant dans la ville, peu de choses nous rappellent sa géographie côtière. Cela lui donne un cachet particulier et authentique, aux antipodes des autres villes où nous avons fait escale.

Nous nous sentons furtivement dans une ambiance « empire romain », qui n’est pas pour nous déplaire. Nous déambulons à l’ombre des édifices, dans l’étroitesse de la Calle Mayor qui nous rappelle que bien des siècles plus tôt nos ancêtres appréciaient l’ombre autant que nous ! Un orchestre joue de la musique, nous sirotons une boissons fraîche et visitons ce merveilleux théâtre romain, recemment restauré (le plus grand de la péninsule après celui de Merida). Nous profitons de notre deuxième jour pour aller à la très belle plage de Cala Cortina. Nous préparons notre étape suivante aussi : le bus vers Almería.

Cette escapade à Carthagène nous a fait le plus grand bien.

Il fallait nous voir avec nos sacs plastiques arriver au terminal de bus. La croisière n’est pas propice aux valises. Et nous avons des restes de nourritures, des draps et du linge à laver… et pas envie se tout laisser dans le bateau, certes amarré à côté d’un toulousain qui a élu la ville pour domicile de son grand voilier.

Le trajet en bus dévoile des paysages arides, couvert d’une steppe peu élevée puis de bâches blanches à l’infini. Les serres du sud de l’Espagne finissent par remplir le paysage. À Almería le bus nous laisse au terminal de bateau. Nous parcourons quelques rues du centres (avec nos sacs plastiques…) pour rejoindre notre Airbnb. Il surplombe la ville et nous met tout de suite dans l’ambiance.

Une fois pris un peu d’altitude, la ville d’Almería dévoile un assemblage de petit immeubles cubiques encastrés les uns dans les autres.

Almería est une ville résolument tournée vers la mer, côté port et industrie au niveau du cœur de ville et côté plage un peu plus loin, avec une très longue promenade. Les deux sont séparés par un imposant editifice de fer construit en 1904 du nom de Cable Ingles. Il permettait de relier la gare au port pour y charger du minerai. Cette industrie n’étant plus en service, l’ouvrage, bien qu’atypique, a plutôt tendance à défigurer le bord de mer. Il sera aménagé bientôt en restaurant et espace de loisir.

Nous déambulons dans les rues étroites et ombragées, dans les pas des souvenirs familiaux. La calle de las tiendas (rue des boutiques) est moins florissante que dans le passé, mais toujours à la même place, l’avenue du generalissime Franco a changé de nom mais traverse toujours la ville du port vers les hauteurs, et depuis des siècles l’imposant fort, la Alcazaba, englobe le paysage. Nous allons le visiter, entre deux repas de poissons grillé, immanquable (et bien redondante à mes papilles) spécialités du sud de l’Espagne.

Tapa tentaculaire
Dans les ruelles d’Almería
La Alcazaba
Vue depuis la Alcazaba. Si vous avez l’œil, vous apercevez le Cable Ingles.
Le bord de plage.
Le Cable Ingles

En 955, Almería gagne le statut de médina (ville) grâce au calife Abd al-Rahman III avec la construction de la citadelle défensive, située dans le secteur haut de la ville. Dotée de murailles et de tours mais aussi de squares, de maisons et d’une mosquée, la Alcazaba est également destinée à accueillir le siège du gouvernement local, commandant la ville et la mer toute proche.

Un moyen alternatif de se plonger dans l’ambiance d’Almería est d’écouter cette pièce éponyme du compositeur Isaac Albéniz.

Pour moi, Almería est aussi la fin de mon périple. Un peu plus d’Espagne s’est ouverte à moi cette année, entre Terre et mer, passé et présent. Ma cousine Hélène nous a rejoint et fera une partie de la route dans l’autre sens.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

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