C’était mardi dernier, le 3 novembre 2015, que Simon Rattle entamait son marathon des neufs symphonies de Beethoven avec son orchestre (depuis 2002), l’orchestre philharmonique de Berlin. Considéré comme l’un des plus grands orchestres du monde, dans un répertoire qui lui est on ne peut plus classique et familier.
C’est aussi pour moi l’occasion de revenir à la grande salle, que je fréquente assez peu finalement par rapport à la grande qualité de ses concerts et à sa proximité de chez moi ! J’étais déçu la dernière fois, d’une acoustique enveloppante soi-disant égale, dans un récital pour piano où j’étais placé derrière (relire ici). Changement de contexte : de la musique pour orchestre et en face (dernier rang du parterre).
En entrant dans la salle, changement de décor également. Même si du matériel de travaux traîne devant l’entrée principale, la salle à l’intérieure est belle et bien finalisée, au plus grand bonheur des yeux. Au dernier rang, je me sens très près de l’orchestre, la force annoncée (et tenue, donc) d’une salle conçue au plus proche de la scène pour les spectateurs. En plus de l’effet purement visuel, ça aide beaucoup à l’écoute de se sentir plus près des musiciens. J’étais dans un très bon climat de concentration, ce qui n’est pas toujours gagné après une journée de travail !
Bien que les symphonies de Beethoven soient un programme très connu, ce n’est pas forcément celui qui m’est le plus familier. J’écoute donc avec une oreille avertie (je connais bien la musique de Beethoven, en particulier pour piano et concertante) mais une relative découverte à ces deux symphonies : la première et la troisième « Eroica ».
Au premier coup d’archets, la justesse et la précision sont remarquables. Le son est parfaitement contrôlé, à tous les points de vue. Cette qualité indéniable offre des possibilités infinies au chef, qu’il exploite à merveille avec une énergie hors du commun, et la liberté de mouvement d’une direction sans partition. Le contraste est l’effet le plus saisissant, et tellement à propos chez Beethoven. Le son tutti est incroyablement plein malgré la taille relativement restreinte de l’orchestre, fidèle à l’écriture de Beethoven.
L’acoustique est excellente, et valorise assurément la malléabilité de cet orchestre. Il m’est impossible de formuler une critique comme lors de mon précédent article. J’ai noté une légère réverbération constante. Peut-être qu’être proche des parois (qui font circuler le son dans la salle) accentue cet effet.
Il est intéressant d’entendre les deux symphonies successivement, tant l’évolution de style est marquante. Malgré 4 ans seulement de séparation entre la première et la troisième (1801 et 1805), les proportions et le style sont très différents. La première rappelle volontiers un style classique proche de Haydn et de Mozart alors que la troisième nous plonge dans un monde qu’on ne peut qualifier d’autre que de beethovénien. Une construction complexe tels des édifices architecturaux nous emmène dans un monde plein d’histoires ; de féerie mais aussi de victoire, de mort, de fête et de fatalité.