L’idée a longtemps germé dans mon esprit pendant les confinements successifs : voyager tout en travaillant dans ces pays proches que sont la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Luxembourg (finalement, sans le Luxembourg !). Dans mon esprit, les mois d’été étaient propice à un voyage en vélo, mais au dernier moment la météo en décidât autrement.
Une impréparation anticipée
Une semaine à travailler seul depuis chez moi à Reims alors que les frontières ont récemment rouvert ? Très peu pour moi. J’avais longuement pensé tester un séjour de voyage-travail dans les pays voisins, qui sont vraiment à deux pas d’ici, au point d’équiper mon vélo d’un guidon de randonnée et de quelques accessoires de voyage. De là à dire « planifier », ce serait beaucoup dire ! Néanmoins, pour respecter des conditions et horaires de travail corrects, j’avais vaguement en tête de rouler tôt le matin en profitant des longues journées et m’installer quelque part pour travailler, et dormir dans des hôtels.
Alors que je préparais mon vélo, j’eus la mauvaise (ou plutôt, bonne !) idée de consulter en détail la météo. Sans appel : pluie et orages tous les jours pour les sept prochains jours… Bon. Un peu dépité je me rabats sur un covoiturage. Si ce déplacer en Belgique et pays voisins se fait facilement en transport, partir de Reims est un petit handicap car il convient de repasser par Paris, ce que je veux éviter. Handicap nuancé par le covoiturage… Mais j’ai hélas loupé la seule réservation qui me convenait… Re-dépité, mais pas abattu !
J’ai perdu deux jours dans cette histoire, il était déjà samedi (et il pleuvait). Il était grand temps de sortir le plan C : la voiture ! Loin d’être le moyen de locomotion que je privilégie pour le voyage, je me suis enthousiasmé par l’option et j’ai vu là l’occasion de tester un mode de nomadisme plutôt non conventionnel (non, ma voiture n’est pas un van aménagé). Mon impréparation était telle que faute de vêtements propres pour une semaine, j’ai jeté en boule des vêtements sales dans mon coffre. J’ai trouvé une laverie à Gand.
Se rendre en Belgique en voiture, et comme je le découvrirai, dans les pays voisins, est un jeu d’enfant. La réglementation en matière de Covid s’est allégée (tous les pays que j’ai visité sont « verts »), les contrôles sont très rares en dehors des transports publics, et les frontières, comme on sait, inexistantes. A vrai dire, alors même que je cherchais à « voir la frontière », elle m’est la plupart du temps passée sous le nez sans que je m’en aperçoive autrement que par des changements de panneaux de circulation.
En route vers le monde
(titre un peu pompeux, j’ai roulé deux heures pour la première étape)
Je me suis arrêté à Namur pour la première nuit. C’est le week-end, et je n’ai pas de contrainte de travail, donc ça s’apparente plutôt à du tourisme. Garer la voiture ne m’a pas posé problème, mais je veillais quand même à réserver des hôtels « avec parking » pour me simplifier la tâche. Car outre le coût élevé, circuler en voiture dans les centres-ville est une véritable plaie. Il convient de la garer au plus vite, ce qui est aussi une véritable plaie (et qui coûte cher).
C’est là l’un des gros handicaps du voyage en voiture : la garer (et d’une manière générale, s’en occuper). En revanche, planifier la route est un jeu d’enfant grâce au GPS, et je n’ai pas trouvé de moyen plus facile de planifier mes routes. En transport public, il faut prendre soin des transitions. Pour la voiture, deux points suffisent : la position actuelle, et le parking suivant !
De Namur je file à Liège pour un escale-déjeuner avant de rejoindre Aix-la-Chapelle (Aachen), en Allemagne donc. Deuxième nuit, deuxième ambiance. Je réalise avec naïveté que « avec parking » ne signifie pas qu’il est inclut dans le prix de la chambre. A partir de ce moment, j’ai consacré en moyenne 15€ par jour (par nuit) pour garer ma voiture. Profiter des petites villes de provinces aurait alléger mes coûts, mais ne m’auraient pas permis de visiter les villes que je voulais, faute de temps. En général, comme je travaille en journée, il me reste le midi et le soir pour profiter des lieux, d’où l’intérêt d’être plutôt bien placé.
Un concept à rôder
C’est après Aachen que le concept de travailleur-nomade a pris forme, puisque une nouvelle semaine commence (j’adore les lundis). Après réflexion je me suis laisser tenter par le format suivant, que j’ai soumis à un test d’une journée, entre Aachen et Eindhoven :
- Le matin je travaille de la chambre d’hôtel, profitant d’une installation privée et d’un bon Internet (on espère)
- Le midi, je roule vers l’autre ville (l’autre hôtel)
- L’après-midi je travaille du nouvel hôtel
- Le soir je profite des lieux (et prépare le lendemain).
Mon hôtel à Aix-la-Chapelle était super ! j’y avais de bonne conditions de travail. A la pause midi, je suis parti vers Eindhoven. La route est assez longue, donc j’ai tenté d’optimiser au maximum ma préparation (sacs déjà prêts, repas à disposition – pour manger dans la voiture ! …). Et ça a plutôt bien fonctionné. Cette première tentative n’était pas sans accrocs cependant : Cette fois-ci la mention « avec parking » voulait dire « tu peux peut-être trouver un parking dans les environs de l’hôtel »…. mauvaise surprise, et les hollandais ne blaguent pas avec ça. J’ai mis 45 minutes pour trouver un parking hors de prix (les parkings normaux ne prennent pas les cartes de crédit étrangères).
Malgré ça, le test a été concluant ! Et travailler dans l’hôtel permet d’être au calme et de ne pas chercher (et payer) un autre endroit où travailler. Ainsi j’ai conservé ma méthode en l’améliorant quelque peu : la veille de chaque départ, je planifiais ma réservation suivante :
- Ville pas trop loin (car je voyage sur ma pause-déjeuner)
- Hôtel accessible avec un bon WiFi (je lis les commentaires clients)
- Vérification et extension de l’horaire d’arrivée et de départ
- Prix du parking ! ou au moins où est-ce qu’il se trouve exactement, pour l’indiquer dans mon GPS.
Cette préparation d’une heure environ m’a permis de sereinement profiter de la suite de mon séjour.
Je ne me lasserai jamais de voir, lors du voyage, les villes du loin grossir jusqu’à m’envelopper, que ce soit en vélo, en bateau, en voiture ou par tout autre moyen. Le midi et le soir, même après une journée de travail dense, découvrir un nouveau quartier comme s’il était apparu comme par magie justifie le voyage et le travail nomade.
Un tel mode de voyage est coûteux, à cause de la voiture (essence et parking), de l’hébergement (hôtel où chambres d’hôtes mais pas d’hébergement amicaux cette fois-ci) et de la nourriture. En bougeant souvent il est irréaliste de tronquer massivement sur ces coûts. J’ai tenté de réduire les dépenses en choisissant bien les hôtels (honnêtement ils n’était pas chers en cette période…) et en mangeant… normalement en fait 🙂 j’ai pas trop économisé sur ça ! J’ai surtout limité mon séjour à une semaine. En planifiant pour plus longtemps, j’aurais privilégié des étapes longues et des villes plus excentrées.
Gand et Bruxelles
Pour la ville suivante, Gand, j’étais invité un peu à la dernière minute pour un mariage à une promenade en bateau sur les nombreux canaux de la ville en une excellente compagnie. Une activité vraiment bienvenue, dans une ville magnifique, qui justifiait bien d’y rester deux nuits !
Bruxelles fut ma dernière étape. A seulement 45 minutes de Gand, je n’ai pas eu de peine à préparer ma route. L’autoroute est sans surprise plus chargée, et il faut être vigilant pour suivre les bons panneaux ! Je n’ai jamais autant écrasé de zèbres… Se garer ne fut pas de tout repos dans un quartier du Midi chargé et encombré de monumentaux travaux. C’est une ville que j’aime bien, quoique je la connaisse surtout en période de FOSDEM (conférence informatique). C’est une ville cosmopolite et internationale et ça m’a fait plaisir de voir quelques touristes flâner comme moi. J’ai marché sur mes pas, donc, et savouré des bières, des frites, des gaufres les derniers instants de mon séjour nomade.
Alors, on valide le concept de « digital nomad en voiture » ?
Oui ! avec deux conditions importantes : pas trop long, et avec un peu de préparation avant chaque étape. A refaire !
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Intéressant ! J’aime bien le format que tu as trouvé, mais du coup, si tu devais faire ça à vélo, les 2h du midis ça limite à des distances de 40km en gros ? Tu irais d’une sous préfecture à l’autre (pour rester dans un exemple français). Pourquoi pas… Tu ne parles pas d’un problème qui me semble évident : tu dois rendre la chambre avant midi en général, et tu as pas toujours la suivante à 14h ?
Merci ! Non, en vélo j’aurais procédé autrement : roulé tôt le matin, travailler en lieu public puis prendre ma chambre. Je n’aurais en effet pas pu faire plus de 40km, 30km vraissemblablement. Et j’aurais certainement pris le train sur certaines portions (tôt le matin aussi)… Ici, j’ai toujours pu avoir ma chambre à 14h. En général c’est 15h par defaut, je faisais juste une demande qui m’a toujours été accordée. En fait je faisais toujours 2 demandes : arriver plus tôt et partir plus tard, d’une heure en général puisque sur booking le standard semble être 15h et 11h là où j’avais besoin de 14h et 12h donc. C’est plus clair ? 🙂
Très clair 🙂
chouette ton trip quoique je ne comprends pas le choix de Eindhoven, qui, à par pour Philips, n’est pas spécialement connue comme ville à visiter. Maastricht par contre est très jolie et plus près de Bruxelles que Eindhoven. Dommage pour la « drache » >>> forte pluie en « belge » 😉 mais il fallait s’y attendre, Belgique oblige!
J’ai choisi Eindhoven un peu par hasard il est vrai. C’est bien aussi d’aller dans des endroits moins connu, c’est plus authentique ! Il est vrai que Maastricht était beaucoup plus près et aurait simplifié mon voyage…