Dans le cadre de mon travail, j’ai été amené à me rendre à Los Angeles pendant une semaine. C’est une belle occasion pour voyager et visiter à côté du travail.

En arrivant en avion, il est saisissant de voir à quel point les terres vers l’est et le nord sont désertes, d’une grande nature mais aussi d’une grande austérité. Los Angeles aparaît de loin, c’est une mégalopole de 18 millions d’habitants (en comptant le Great Los Angeles) pour une superficie de plus de 88 000 kilomètres carrés, soient environ 7 fois l’Île-de-France. C’est une ville intimidante au premier abord, mais qui laisse une place tellement grande à la voiture qu’on ne se sent pas oppressé. Ce qui me surprend justement c’est la grandeur des infrastructures. La ville est pensée pour les voitures en premier, de très grandes tailles et en très grande quantité.

Le quartier dans lequel nous nous trouvons est très aisé. Les quartiers résidentiels, comme Beverly Hills, le plus connu et le plus huppé, sont certes très grands et chics, mais aussi très arborés et agencés avec beaucoup de goût. Les arbres sont magnifiques et grandioses, les pelouses nombreuses et parfaitement entretenues. Les quartiers d’activités avec les commerces et restaurants sont plus divers et vivants. La qualité de vie paraît d’emblée idyllique, le tout sous un ciel bleu, une température clémente pour ce mois de février, et une luminosité qui magnifie la ville.

Quartiers résidentiels du nord-ouest de la ville

La conférence est une expérience en soi, une plongée dans une culture et une entreprise que j’ai rejoint il y a peu. Il y a bien sûr la langue, mais aussi une myriade de détails comme la physionomie des locaux (très ouverts), le séquencement des conférences et des calls, les blagues, la bonne humeur et la positivité d’usage mais non feintes ; font que l’événement, qui pourrait se passer n’importe où, est résolument américain.

Le travail ne nous empêche pas de faire un peu de tourisme, et notre petit groupe de français part à l’aventure dans les quartiers du nord ouest de la ville et sur le Hollywood Boulevard, connu pour les empreintes de mains (et de pieds) des grands noms du cinéma. Le boulevard accueille aussi les non moins célèbres étoiles des acteurs importants du monde des médias : cinéma, musique, télévision, radio. Les étoiles sont tellement nombreuses (certaines en attente de recevoir leur nom) qu’on en est à se demander comment elles sont attribuées. On trouve des d’informations intéressantes dans cet article.

Perpendiculairement au Hollywood Boulevard

En ce dimanche ensoleillé, il paraît opportun de prendre la direction du bord de mer. Il y a une vingtaine de plages pour une distance de 40 kilomètres, autant dire qu’il y a du choix ! Nous nous rendons à Santa Monica, dans le nord-ouest de la ville. Des travaux et une manifestation en soutient à l’Ukraine ralentissent notre Uber, mais le grand ponton tient ses promesses. D’une exceptionnelle largeur, il héberge un tas de petits commerce et un grand manège. Nous longeons le bord de mer jusqu’à Venice Beach. Le spectacle est permanent, bien que nous sommes en hiver : des cyclistes défilent, des courts de tennis et des terrains de beach volley en nombre accueillent des sportifs torses-nus, des cafés, des marchands de souvenirs et des propriétés marquent le début de la ville. La mer est tellement loin derrière une immense bande de plage qu’on ne la voit toujours pas depuis la promenade. Mais le soleil couchant vient noyer le ciel au-dessus de nos têtes d’un océan orange fluorescent.

Ici, même le ciel semble plus grand.

Les conférences s’enchaînent au travail. De nombreux employés viennent des quatre coins du pays, et sont contents de se retrouver et de profiter de l' »hiver estival ». Les tables dehors sont sous les rayons du soleil matinal. Ceux qui habitent ici ne sont pas moins ravis, mais sans doute plus habitués et fiers de nous accueillir sous de bons auspices. La vue sur cette ville plate est panoramique depuis le bureau, et on imagine bien là-bas, sur les brunes montagnes dénudées, les flammes des grands incendies de janvier dévorer les maisons. La plaie est vive et pas un seul habitant n’a une anecdote à nous raconter, à propos d’eux ou d’un proche.

Le soir, on se retrouve dans un bar où les cocktails sont délicieux et où la nourriture au style mexicain abonde. Il est plus difficile de m’exprimer informellement dans un contexte bruyant que de travailler en anglais. La fatigue n’aidant pas, les premières journées sont éprouvantes. Heureusement, notre groupe de français représente un refuge linguistique énergisant.

La Margarita, un cocktail à base de Tequila, est omniprésente dans les bars californiens. Glacée ou non avec de la glace pilée, avec du sel sur le bord du verre, ou bien du tajin, un mélange rouge épicé ; elle se décline en plusieurs versions.

La ville de Los Angeles est remplie de musées. Ils sont grands et beaux, et recèlent de trésors que des générations d’américains ont fabriqué ou importé d’ailleurs, et en particulier d’Europe. Non loin de l’hôtel se trouve le Hammer Museum, du nom du collectionneur Armand Hammer. Dans la collection permanente on y trouve des œuvres importantes de Moreau, Van Gogh, Corot, Pissarro, Boudin, Monet… Je ne pensais pas me retrouver dans un havre impressionniste à deux pas de l’Université UCLA. Au centre ville le MOCA présente une exposition sur la peinture photo-réaliste résolument américaine, et juste à côté le Broad Museum expose des œuvres d’artistes américains contemporain comme des Coons, Lichtenstein ou Warhol. Les œuvres souvent monumentales au couleurs brillantes laissent une impression vive.

Balloon Dog Blue de Jeff Coons au Broad Museum
Reproduction en peintures image par image de la video de l’assassinat de Kennedy, au Museum of Contemporary Art (MOCA)

La musique classique tire aussi son épingle du jeu et confirme que Los Angeles est bien la ville de tous les arts. D’ailleurs j’achète des places à la revente pour un concert au Walt Disney Concert Hall. Ce soir-là commence la série de concerts de la septième symphonie de Mahler par le Los Angeles Orchestra et son iconique directeur Gustavo Dudamel. L’exceptionnelle salle de l’architecte Frank Gehry trône en plein centre ville, et en entrant dans la salle, je la reconnais des nombreux concerts que j’ai pu voir en retransmission. La symphonie, seule au programme, est un gros bout que l’orchestre au complet mène magistralement d’un bout à l’autre.

L’extérieur du Walt Disney Concert Hall, de Frank Gehry
Vue de Los Angeles depuis Baldwin Hills

Le séminaire se termine par une activité de cohésion, une randonnée à la Baldwin Hill. Un très bon moyen de rencontrer d’autres personnes du groupe et discuter en marchant. La colline nous élève rapidement au-dessus des habitations. Un brouillard qui vient de l’ouest nous empêche de voir l’océan, et il faut un peu d’imagination pour lire HOLLYWOOD sur la colline au loin. En revanche, les dimensions de la ville surprennent toujours tant elles s’étirent à l’infini dans toutes les directions. Il fallait bien un océan et une chaîne de montagne pour arrêter sporadiquement son expansion. Los Angeles est une ville très résidentielle. Les gratte-ciels sont rares, ce sont les jolies maisons (ou immenses villas) et les immeubles de quelques étages qui compose en grande partie la ville. L’architecture est très variée et les rues souvent arborées. Seul le trafic démentiel vient assombrir le tableau. Les heures que nous avons passé dans les Uber (et une voiture sans chauffeur Waymo) ne nous ont jamais sorti du nord-ouest de la ville et Downtown. Elles ont été rendues moins désagréables par le spectacle permanent des véhicules et des situations insolites à nos yeux de touristes. Comme par exemple les Cybertrucks Tesla qui sont interdits en Europe, un Waymo qui laisse passer un robot livreur (pardon d’être un humain…), des camions de pompier rutilants qui grillent les feux rouge en hurlant… Mais aussi des fumeurs de crack qui vagabondent ou des policiers qui braquent des SDF pistolets au poing. Le bus est aussi un moyen de transport intéressant, d’autant que suite aux incendies il tend à être gratuit pour tous.

Sur les routes encombrées de Los Angeles
Un robot Coco traverse la rue nonchalamment. En général ces charriots autonomes livrent de la nourriture dans le quartier.
Dans les allées de UCLA
Le diner Barney’s Beanery dans le quartier de UCLA

Le séjour touche à sa fin, et nous trainons autour de UCLA. C’est un quartier agréable, un immense campus aux contours mal définis, et surtout un environnement très piétonnier et très vert. Sur la carte une attraction nous attire : une « exposition » sur les débuts d’Internet. En suivant un jeu de piste dans les bâtiments de l’université, nous nous retrouvons dans un bâtiment dédié à l’ingénierie, et un peu perdus on nous indique vaguement le chemin. Personne ne sait vraiment ce qu’on cherche… Se perdre dans le bâtiment est l’occasion de jeter un œil aux salles remplies d’étudiants en cours ou en TP. Sans aucun panneau et muni uniquement d’un numéro de porte, nous finissons par nous retrouver devant une reconstitution du bureau ou fut inventé Internet, alors appelé Arpanet. Des vieilles machines dans un mobilier d’époque sont visibles derrière une porte vitrée accompagné d’une plaque commémorative. La mise en scène est inversement proportionnelle au succès qu’a eu Internet ensuite, mais elle fait son effet sur les ingénieurs que nous sommes. Un professeur qui passait par là s’improvise guide et nous donne un peu de contexte. Il a rejoint l’équipe peu après l’invention et raconte son arrivée ici. Nous prenons des photos comme des groupies depuis ce couloir austère que personne ne semble jamais emprunter. Une anachronique affiche du film Lo and Behold de Werner Herzog signale qu’il a tourné ici, tel qu’on peut le voir sur les premières images de la bande annonce.

Derrière la porte 3420 de ce bâtiment d’engineering de UCLA se trouve le début d’Internet.

Le séjour se termine et nous nous préparons à embarquer pour un peu moins de 11 heures d’avion pour Paris. Une semaine n’a pas eu raison de moi pour tarir la fascination que provoque cette ville aux proportions géantes, comme inconsciente de sa démesure. Les disparités sociales sont énormes, et en restant dans les beaux quartiers aux frais de l’entreprise, je ne peux qu’imaginer les quartiers que les Uber ne franchissent pas, à plusieurs heures du centre-ville. Au contraire, le goût avec lequel les abords d’Hollywood et les autres lieux iconiques m’ont durablement séduits, et c’est avec un petit pincement au cœur que je dois la quitter… Pour y revenir un jour ?


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1 commentaire

  1. Deux fois visitée et toujours une telle fascination… the Doors, Elliott smith, Beach Boys… Mais aussi Pulp fiction ou Terminator ! La culture, l’histoire, le rêve.

    Merci pour ton article !

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