Le nomadisme digital, ou digital nomadism définit le fait de travailler avec des technologies numériques tout en se déplaçant à travers le monde. Comme c’est le mode de vie que nous avons choisi avec ma compagne il y a un an, je me plie à l’exercice du bilan de cette première année.
Nous ne choisissons pas les destinations au hasard
La destination est la préoccupation majeure pour nous, car nous n’avons pas de logement fixe (logique). Et pour choisir un nouveau lieu, nous ne nous contentons pas de regarder la météo ! Il y a des considérations logistiques. Elles sont au nombre de trois : la qualité de la connexion Internet, le coût de la vie (et du transport pour y aller) et le décalage horaire (nous travaillons avec la France). Ces contraintes limitent le choix des destinations.
A cela il faut aussi rajouter notre appétence naturelle (par exemple le climat un peu quand même, la langue parlée, la culture, …) ce qui pour le coup est plutôt la partie de plaisir. Chacun a ses contraintes propres qui orientent forcément les choix (j’aborde le sujet dans cet autre article). Nous donnons un poids important au feeling. J’écris de Slovénie, que je ne connaissais pas du tout avant, juste parce que ça avait l’air bien. Et c’est bien 🙂
L’intégration sur place
Il revient souvent que la solitude et la difficulté à créer des liens est problématique. C’est plutôt vrai. Lorsque nous arrivons à un endroit, les attentes entre nous et les gens sont très différentes. Nous aimerions rencontrer du monde et en savoir plus sur notre environnement immédiat, alors que les locaux ont déjà leurs habitudes et ne nous remarquent pas spécialement. Dites-vous vous-même : combien d’amis étrangers vous êtes-vous fait ces trois derniers mois ? Voilà, nous en faisons partie…
Nous participons à des événements comme des meetups, des événements francophones, sportifs, musicaux (nos centres d’intérêt quoi !), mais bien entendu faire des connaissances prend du temps sur place, qui par définition nous manque. En Allemagne j’apprenais avec d’autres étranger à parler l’Allemand dans des groupes de discussion bénévoles, en Slovénie je participe à des activités de l’Institut Français et j’ai eu l’occasion d’enseigner la programmation à des enfants (je vous en parlerai bientôt)… ça dépend des pays, de ce que nous trouvons dans le coin. Par ailleurs, il existe des communautés en ligne, comme remotive.io dont je fais partie, qui rassemble des télétravailleurs et nomades du monde entier. Ça ne remplace pas le contact pour de vrai, mais ça compense un peu.
En contrepartie les quelques rencontres que nous faisons sortent plus souvent de nos cercles habituels. Nous rencontrons par exemple des informaticiens mais qui ont des pratiques du métier, des technologies, des a priori un peu différents. Et au-delà : des francophones de tous les âges, et des étrangers en général.
Des hauts et des bas
La phase de découverte à distance d’une destination potentielle est super. On se projette, on imagine, on a envie d’y être ; exactement comme pour des vacances. C’est un bon moment qui se renouvelle à chaque fois. J’adore le moment où la location est bouclée, ce qui permet de faire redescendre le stress et l’incertitude. Et le meilleur c’est sans doute les premiers jours et premières semaines dans le nouveau lieu où nous partons à la découverte du voisinage. Je regarde les boutiques, les restos, ce que font les gens, les activités à faire. Ça me motive. Tout au long du séjour, j’aime beaucoup être au sein de la culture : la langue parlée, la géographie, les publicités, les événements locaux, la politique parfois… ça m’incite à me renseigner sur toutes les facettes du lieu alors que je n’aurais même pas lu la page Wikipedia du pays si je n’y étais pas venu. Je cultive un esprit d’ouverture, qui est une raison majeure de ce choix de vie.
En contrepartie une fois les premières semaines passées, un creux s’installe parfois, et soudain je me demande ce que je fais là, sans relations ni activités. Le départ est difficile aussi, car on doit quitter les gens qu’on a rencontré et avec qui on voudrait maintenir la relation. Ils nous disent parfois : « mais restez, puisque vous aimez bien ! »
Une vie stable
Le nomadisme a une connotation d’instabilité, pourtant je n’ai jamais eu vraiment cette impression. On se doit par exemple de préparer nos logements bien à l’avance, en particulier pour couvrir la saison estivale où toutes les locations en Europe en général fondent comme neige au soleil. Cette préparation, par à-coups car nos réservations couvrent plusieurs mois, me donne au contraire le sentiment d’être beaucoup plus organisé qu’auparavant. Mes routines d’un lieu à l’autre se mettent vite en place, notamment pour travailler efficacement.
En conclusion
Le nomadisme permet de cultiver un esprit d’ouverture, de se contenter du nécessaire et de profiter d’instants inattendus. En soi, ce n’est pas une vie rêvée, ni même un intrépide voyage. C’est un choix de vie, un peu comme « vivre en ville » ou « vivre à la campagne », en version peut-être plus moderne. C’est mieux pour un certain nombre de choses et moins bien pour d’autres. Nous nous y retrouvons car nous aimons les aspects positifs plus que nous regrettons les aspects négatifs.
Je dirais qu’être digital nomad c’est ni mieux ni moins bien que le « sédentarisme », mais qu’il me convient mieux… pour le moment !
Très intéressant comme bilan 🙂 Etant aussi nomade digital depuis un peu moins d’un an, je me retrouve totalement dans ce que tu dis !
Bravo d’avoir franchi le pas, c’est sûrement pas facile ! Le principal frein c’est quand meme le travail non ? Perso j’aime bien bouger et aller travailler ailleurs, mais je crois que je suis trop attaché ici pour envisager d’être un vrai nomade 🙂
Oui, même si côté travail les choses bougent très vite. La France et encore moins les grandes villes n’est pas le terrain le plus approprié pour s’en rendre compte, mais les habitudes évoluent vraiment. Des entreprises embauchent plus facilement en 100% remote par exemple (ce qui ne va pas sans poser de problèmes, loin de là). Franchir le pas n’est pas évident, j’ai adopté pour la technique de la longue préparation (surtout mentale).
Bonjour! J’ai une petite questions pour toi : Quelles sont tes destinations préférés en tant que digital nomade?
J’adore ton article! Il est très complet. Je souhaite un jour vivre de ce lifestyle et je compte bien réussir!
Camille
Bonjour Camille. De mon expérience j’ai préféré Berlin je pense, dans l’absolu, car c’est un bon compromis entre une vie à la ville, et une relative tranquilité (calme, confort, logements accessibles encore, etc.). Mais ça dépend beaucoup de tes critères. Le site https://nomadlist.com/ est une référence pour choisir sa destination, avec des critères généralistes globalement partagés (météo, sécurité, qualité d’Internet, coût de la vie…). En pratique, je trouve que ça dépend beaucoup de tes préférences personnelles et de tes contraintes. Par exemple j’aime bien de temps en temps aller dans des coins plus isolés, dans la nature, et d’autres fois dans les grandes villes. Ca dépend ! Je te souhaite de vivre pleinement ton projet !
[…] nomade numérique (digital nomad). J’avais déjà fait un bilan au bout d’un an, à relire ici, et partagé ici et là mon expérience de nomade. Maintenant que deux ans se sont écoulés, et […]