Je n’entends pas le réveil à cause des boules quies, mais lorsque j’ouvre les yeux il n’est que 7 heures. C’est raisonnable. Mes voisins de camping sont déjà sur le départ. Deux cyclistes hollandais avec une voiture, qui la déposent quelque part et font des grandes boucles. Ils partent en Provence et laissent leur voiture au camping. Le temps de tout ranger et tout plier, je décolle en me disant que je prendrai un petit dej à Alès.
En rentrant Alès dans le GPS je vois que c’est à trente bornes ! Bon bah je vais pas manger tout de suite. C’est assez vallonné. Il fait très beau. Je reconnais Alès (heureusement car l’office de tourisme est dur à trouver dans cette ville !). Ils me conseillent de prendre la « corniche » pour les Cévennes. Je les écoute mais je me dis que les offices en général guident mal les cyclistes, car ne sont pas cyclistes eux-mêmes. « Quelle est la meilleure route pour un cycliste pour traverser les Cévennes ? », car telle était la question, est une question difficile pour eux. Mais la réponse me plait et je me mets en selle.
Il fait beau, et CHAUD. A partir de Saint-Jean du Gard ça monte rude. Ca ne cesse de monter toute la journée. J’ai en secret envie de rejoindre Florac, mais l’interminable montée de la corniche me fait désespérer. J’ai assez peu d’information. Cette route n’est pas pour les vélos (mais je ne sais pas si les autres sont mieux) dont peu d’information, en particulier : Quand est-ce que ça s’arrête de monter !! Je sais pas moi, un col, un point de vue… Que dalle. Je souffre en silence et mon corps ruisselle de sueur. Ca sent bon le pin et le cigales chantent le beau temps. C’est déjà ça.
Pendant plusieurs dizaines de kilomètres il n’y a pas de villages. C’est long car je dois être à 10 kilomètres heure. Le prochain est Le Pompidou, et je vais immédiatement au camping planter ma tente. Le village est tout petit, mais y’a une bonne ambiance, des jeunes et tout. C’est parceque c’est l’été. L’été la population QUADRUPLE ici !!! Bon ok, elle passe de 50 à 200 habitants 🙂 Un risque d’orage est annoncé. La dame du camping (préposée dirait-on, de 18h à 20h, c’est un tout petit camping) prévient tous les campeurs. Moi qui vient de tout installer avec mes cuisses en feu ! Je bois un peu de vin et du thé, grand luxe pour moi durant ce voyage sans réchaud et très peu de place pour le superflu dans mes bagages, avec deux autres campeurs qui m’y invitent. On discute une heure pendant que le ciel se couvre très méchamment, et que le vent souffle de plus en plus fort. Je me couche mais 5 minutes après la pluie tombe en trombe. Les Cévennes font résonner le rugissement du tonnerre, tel une bête féroce. Et la grêle s’y met. Le temps de mettre ma tente à l’abris dans le coin cuisine, je suis trempé de la tête au pied, et mort de froid. Chaussures (uniques), short et t-shirt gouttent pendant que je prend une douche chaude. Vu mes conditions, je sais qu’il faudra peut-être plus de 48h pour que je trouve le temps et les conditions pour sécher, donc ce n’est pas une bonne nouvelle. Malgré tout je m’endors, même si en plus du tonnerre une lumière reste allumée en permanence dans la cuisine.
Le camping n’est pas à la hauteur de mes efforts donc, mais il EST, c’est déjà ça. Sans oublier le vin et le thé avec les autres. Je dors bien donc je ne m’inquiète pas pour l’étape suivante.