C’est la troisième fois que j’assiste à un concert de Benjamin Grosvenor, que j’adore depuis que je le connais. J’aime son jeu cristallin, précis, visionnaire. En arrivant à la Maison du Cygne à Six-Fours pour ce concert du festival La Vague classique, cependant, je suis pris d’une déception de voir qu’il s’agit d’une scène ouverte. Dans un parc, le piano est surélevé sur une estrade, protégé par une toile carrée, et distant du premier rang du diamètre du bassin à ses pieds. Cette déception laisse place à une inquiétude sur la qualité de projection du son.

Benjamin Grosvenor est un pianiste britannique à la maturité particulièrement précoce. Tous ses concerts et tous ses disques valent le détour. C’est un musicien qui ne m’a jamais déçu. Dans un costume trois-pièce d’un noir brillant, il pose ses mains sur le clavier pour commencer les intermezzi de Brahms. L’absence d’acoustique prend alors immédiatement le dessus sur les qualités du pianiste. Le son porte peu, les belles retenues, les rubatos sensibles et la magnifique qualité de son touché ne percera jamais vraiment le grand air.

La fantaisie de Schumann, œuvre fleuve du compositeur, d’un optimiste débordant, puis les tableaux d’une exposition de Moussorski seront le théâtre d’une bataille forcée entre les fortissimos du pianiste l’irrémédiable disparition du son. Difficile pour moi d’apprécier le jeu de Grosvenor dans ces conditions, mais j’ai remarqué d’emblée la grande méticulosité de son jeu, et plus de souplesse et de retenu dans ses phrasés que les impressions que dans mes souvenirs. Ce doit être bien plus appréciable dans une acoustique qui lui fait honneur.

La Grande porte de Kiev, tableau de Viktor Hartmann qui a inspiré l’œuvre de Moussorgski.

A la fin du concert j’ai attendu un peu pour lui parler et le remercier de cet ambitieux programme, suivi de trois rappels bien choisis, et lui dire que c’était ma troisième venue. En citant la Salle Gaveau et le Parc des Bagatelles où je l’avais entendu il y a longtemps, il s’est rappelé des années et des programmes qu’il y joua ! J’espère encore écouter Benjamin Grosvenor à de prochaines occasions, je prends toujours autant de plaisir à assister à ses concerts.

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