Il fallait s’organiser longtemps à l’avance pour aller aux JO de Paris 2024, en particulier pour acheter des billets. Si un système de tirage au sort a sans doute permis des chances plus justes pour tout un chacun d’acheter des places, il fallait quand même rester très attentif aux annonces faites par e-mail et accepter de ne pas tomber sur ses sports favoris. Malgré mon enthousiasme – réfréné – d’être bénévole, je me suis contenté de deux billets (boxe, water-polo) que j’ai complété par un troisième (10km nage en eau libre) dès que des nouvelles places sont apparues.

Faisant du triathlon, les sports qui m’intéressent en tant que pratiquant sont multiples, mais aucun d’entre eux n’est tombé au tirage au sort. Quant à la cérémonie d’ouverture et la natation en bassin, elles m’ont découragé par des prix prohibitifs. C’est pourquoi j’étais très content de tomber sur des places de natation en eau-libre disponibles plus tard.

Jour 1 – Boxe à Roland Garros

C’est sur un vélo grinçant et trop petit que je rallie les six kilomètres de mon hébergement au complexe sportif mondialement connu pour sa terre battue. Une fois dans l’enceinte, une joie olympique détonne avec l’ambiance feutrée du tennis. Presque immédiatement après mon arrivée, un groupe de joyeux panaméens chantent une chanson devant une caméra de télé internationale. Plus loin des Ouzbeks sérieux défilent en groupe scandant un chant incompréhensible. Des centaines de personnes pénètrent dans le très imposant court Philippe Chatrier qui n’arrive pas à contenir complètement la clameur et les couleurs psychédéliques.

L’ambiance est tout de suite super prenante et si le boxeur Ouzbek n’affrontait pas le français, j’aurais sans doute finit par scander leur communicatif « Ouz. Ouz. Ouz-bekistan ». Bien sûr le combat de Billal Bennama pour la médaille d’or était le clou du spectacle. Une impatience sensible précédaient son entrée. À l’annonce de son nom, le stade s’est mis à hurler, c’est une expérience incroyable.

Dans le court Philippe Chatrier à Roland Garros

Je ne connais pas bien les règles de la boxe et il est difficile pour moi de savoir qui mène. Mais ce n’est pas très grave. Il fallait surtout contrer les « Ouz. Ouz… » Par des « Allez les bleus », la Marseillaise ou « qui ne saute pas n’est pas français ».

Bon, ça n’a pas suffit. L’Ouzbek était trop fort. C’est quand même quelque chose de voir les match en vrai et d’assister aux podiums (hommes et femmes moins de 57kg). Bennama était vraiment content et le public aussi.

Jour 2 – Nage en eau libre et Parc des nations

Malgré ma performance cycliste pour rentrer me coucher, j’ai éteint les feux à 1h30. Pas loin donc des 6h pour me préparer à aller à l’eau libre le lendemain. L’organisation recommande de venir 90 minutes avant l’épreuve, ce que personne n’a fait, entraînant une longue et décevante file d’attente pour accéder à la tribune B près du pont Alexandre III. Je me suis assis après le départ de la course, qu’on ne pouvait pas voir de cette tribune de toute façon.

Entre les bateaux d’arbitres, des médias, le jet-ski de secours, les kayaks et les planches, il y avait autant d’embarcations sur l’eau que de nageurs dedans. Et c’est un peu tant mieux car la nage en eau libre n’est pas le plus spectaculaire à suivre ! C’est un des seuls sport où on ne peut pas reconnaître les athlètes facilement. Par ailleurs, en rasant le mur pour éviter le courant, on ne voit pas les nageurs à leur passage sous notre tribune.

Il en faudra plus pour décourager le solidaire esprit olympique de la tribune et nous hurlons à leur passage. Le français Marc-Antoine Olivier dira sur Instagram qu’il a bien profité de cette ambiance. Un écran géant nous aide à suivre l’épreuve ainsi qu’un commentaire en deux langues : français et anglais. Le dénouement de l’épreuve n’a pas souri aux pourtant solides français inscrits, et deux heures après le départ il est temps d’arpenter le nouveau Paris dont tout le monde parle : plaisant, spacieux, optimiste, coloré.

Tout ceci est bien vrai. Et c’est avec la famille d’une amie à qui j’ai offert une place pour la compétition du matin que nous faisons allègrement la queue pour entrer au Club France. (1h20 de queue tout de même – toujours dans un esprit olympique). En fait il y a tellement de choses à voir pendant la queue que le temps passe vite : BFM qui fait un reportage, une caméra grue sur la cité de la musique, un français qui arbore un béret avec un coq empaillé, des nationalités improbables qui font la queue avec nous.

Dans le Club France

Au début, le club est assez inintéressant pour moi car il se compose de stands de sponsors qui distribuent des goodies sans grand intérêt. La grande force du club le plus grand de la Villette, c’est l’écran géant sur la pelouse qui permet de suivre les matchs des Français dans une communion sportive. Les cinq balles de match de Félix Lebrun ont une autre saveur partagée ici que chez moi devant mon téléphone en train de faire la cuisine. Et le ticket d’entrée (5 euros) permet de sortie et revenir une fois, ce qui est une stratégie fort payante car l’ambiance est au plus fort le soir, et les places sont limitées et épuisées bien avant la fin de la journée.

Le Parc des Nations

Autour du Club France qui remplit la halle de la Villette et son parc, se trouvent les « maisons » olympiques des pays représentés. Un peu à la manière d’un pavillon d’exposition, l’idée est de créer des enclaves culturelles pour les partager, mais aussi rassembler les fans. Les maisons disposent tous d’un écran géant,  de stands de nourriture et d’une scène de spectacle. C’est aussi une formidable alternative à assister aux JO sans payer tous ces chers billets. J’ai moi-même passé une super journée olympique alors que je n’avais qu’une place pour l’eau libre à 7h du matin.

Dans la Maison de la Mongolie

Pour moi le Parc des nations est aussi une formidable opportunité de retourner dans ce qui fut mon quartier pendant 7 ans. Que je connais ce parc de la Villette pour avoir fréquenté la Philharmonie dès la fin de sa construction, la Cité de la musique et sa médiathèque pour mes révisions musicologique, la Cité des sciences, ou le parc lui-même notamment pour mes nombreux matins sportifs, en vélo ou en course à pied, sous la bruine, dans le froid, ou dans la moiteur lourde de l’été comme aujourd’hui. Et qu’il est méconnaissable sous les couleurs olympiques, les drapeaux humains qui déambulent gaiement, les kayaks et les ponts flottants sur le canal de l’Ourcq, les jeunes (j’ai rencontré l’anglais Rory, 2 mois) et les moins jeunes qui convergent vers la scène Bollywood, le chant taïwanais ou la samba du Brésil. Cette ambiance m’aide à lutter contre la nostalgie qui me guette à chacun de mes séjours dans la capitale. Il semble qu’à chaque coin de rue, surtout dans « mon » quartier, un morceau de ma vie ressurgit. Paris est une ville de souvenirs, et aujourd’hui j’en ai fait le plein.

Le canal de l’Ourcq version olympique

J’ai aussi beaucoup fait la queue… que j’ai mis à profit pour discuter avec d’autres visiteurs. Et je suis souvent tombé sur des franciliens qui voyaient l’occasion trop belle pour la laisser passer, en dépensant à la hauteur de leurs moyens ; notamment en mettant à profit les épreuves gratuites comme le vélo et le triathlon. J’ai rencontré aussi des indiens, brésiliens, mongols, colombiens… proche des maisons de leur pays ou ailleurs.

Le soir, il fallait être dans la foule devant l’écran géant pour la finale de football où la remontada des bleus de 3-1 à 3-3 est sortie de terre à travers les pores de notre peau et des cris néandertaliens – une bière à la main. Ça n’aura pas suffit à nous faire gagner, mais le fameux esprit olympique nous fait vite passer à autre chose. Au basket, au breakdance, ou plus prosaïquement à la restauration. L’espace extérieur du Club France est un mélange de festival de rock, de biergarten et de cinéma en plein air. Il faut faire la queue pour boire et manger (surtout à l’heure de boire et de manger), mais la limite de jauge fait que nous ne sommes jamais les uns sur les autres.

Aujourd’hui j’ai troqué le vélo pour le RER, donc je surveille l’heure pour rentrer chez moi. Mon état de fatigue ayant raison de moi, je passe sur la montée de la flamme aux Tuileries, qui ne m’enthousiasme pas plus que ça. Dans le RER, les gens se parlent (!) et anticipent leur journée du lendemain. Mes voisins de carré (expression qui n’existe qu’en période de JO) iront au water-polo, tout comme moi mais pas aux mêmes heures. Mais je ne serai pas seul pour autant, car mon activité spontanée d’influenceur (sans influence) sur Instabook m’aura reconnecté avec une amie qui a les mêmes billets que moi.

Jour 3. Un match incroyable au water-polo

À huit heures et demi du matin, le vélo grince désespérément sous mes pieds alors que je traverse le parc André Malraux de Nanterre en direction de la monumentale « Léon Marchand Paris La Défense Aréna ». Je croise plus de policiers que d’habitants, mais par réflexe j’attache quand même mon grinçocipède avant de m’intégrer dans le flux naissant des spectateurs du jour.

Comme pour les autres épreuves, ne croyons pas qu’il y a soudainement 15000 amateurs de water-polo au même endroit au même moment (les vrais fans sont reconnaissables à leur bonnet de water-polo cela dit). Les places étaient moins chères, c’est surtout ça. Avec un match de se 6ème place à 9h du matin et une médaille de bronze, je ne m’attendais pas à beaucoup. Je me suis trompé.

D’abord, j’en prend plein la vue avec cette arène démentielle que j’ai vue tant de fois à la télé. Ensuite, le match de bronze qui opposait les Pays-Bas aux USA était particulièrement serré. Ou du moins il l’est devenu lorsque les Pays-Bas ont offert une remontée olympique, portée par une marée orange contagieuse qui a bien mis trois quart-temps à se mobiliser – et nous avec. À 10-10 à 9 seconde de la fin, l’affaire semblait aller directement aux tirs au but. Le temps mort réclamé par les Pays-Bas à ce moment aura été particulièrement efficace puisqu’à une petite seconde de la fin la capitaine néerlandaise cadre un tir de loin, bien préparé et puissant comme jamais qui rentre au fond du filet. J’ai spontanément crié de joie, décuplé au 100000 par une aréna incandescente. Les supporters oranges ne sont pas venus pour rien (pour le bronze en l’occurrence), et nous non plus.

Dans la Paris La Défense Aréna
Les supporters hollandais ont trouvé leur bar orange !

Impressions olympiques

J’ai retrouvé tous les commentaires que j’avais lu et vus à distance. Paris est agréable, il n’y a pas trop de monde, les transports marchent très bien, les gens sont de bonne humeur, personne n’a envie de râler ou de se plaindre. Gagner est une option et patienter une opportunité.

J’ai adoré mon séjour olympique, et je rentre chez moi avec un petit blues olympique.

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2 commentaires

  1. Merci pour le partage sympa d’avoir vu ces épreuves et s’être « pris aux Jeux » ! J’ai moi même été agréablement surpris, j’en ferai un post je pense.
    PS: on aurait pu te prêter l’appart je n’y ai pas pensé !

    1. Pas de soucis, j’étais hébergé à Nanterre et c’était pratique vu mes épreuves. Merci ! Oui partage, je suis curieux de savoir ce que tu as vu

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