J’ai assisté à l’une des dernières représentations mercredi 5 novembre 2016 du Samson et Dalila de Saint-Saëns. J’ai été globalement enthousiasmé par le spectacle, par ses qualités indéniables, qui ne cachent quelques défauts. Et bien sûr je vais vous en parler ! D’autant que mes impressions ne sont pas tout à fait en accord avec d’autres critiques que j’ai pu lire.

Je connais assez mal cet opéra à vrai dire, quand au mythe qu’il décrit, je n’en connais que les grandes lignes. J’avais même complètement oublié que la célèbre bacchanale faisait partie du troisième acte de cet opéra (c’est une pièce instrumentale), ce qui me fit l’effet d’une bonne surprise.

Le premier acte met en valeur le ténor Aleksandrs Antonenko, Samson, ainsi que le choeur : les hébreux. L’ouverture, qui n’en est pas vraiment une, est sublime, et magnifiée par Philippe Jordan et l’orchestre de l’opéra de Paris. L’interprétation, orchestre comme chant, est la première grande réussite de ce spectacle, qui amplifiée par l’entrée de la soprane Anita Rachvelishvili qui lève le niveau déjà élevé de l’ensemble. Elle chante d’une voix sublime, avec une diction parfaite (en français ! ce qui n’est pas le plus facile) et de plus un jeu de scène qui réduit à mon goût celui de Antonenko à une relative gaucherie. S’il était convainquant seul, désemparé face à son peuple, au bord du désespoir et occupant bien l’espace ; il m’a paru plutôt maladroit en couple avec Dalila, dans une scène au lit (deuxième acte) qui tirait vers le bouffe.

Ajoutons à ceci des costumes… laids. Il m’a été impossible durant tout l’opéra de me concentrer sur le pouvoir rassembleur, et le pouvoir tout court, de Samson alors qu’il porte un Marcel gris moulant, qui met en valeur un ventre plutôt bien portant, loin de l’image qu’on a d’un héros unificateur. Ne me méprenez pas, j’ai beaucoup de respect pour les ventres bien portants, je reproche ici le costume ! Dalila n’est pas en reste, avec une nuisette dévalorisante. Les deux sont à l’honneur dans l’acte deux ou Dalila feint de séduire Samson pour découvrir le pouvoir qui l’oppose victorieusement à ceux de son propre camp : les Philistins. Le Marcel et la nuisette sont fort heureusement (et c’est un tour de force) éclipsé par un l’air remarquablement interprété Mon coeur s’ouvre à ta voix ou Rachvelishvili charme aussi bien Samson qu’à peu près tout l’auditoire. Les applaudissement très nourris de la fin de l’acte et de l’opéra en confirment.

La mise en scène est plutôt étrange, mais n’est pas ratée. Elle met bien en évidence deux mondes, celui du haut, celui du bas, dans une relative froideur certes, mais qui entretient une ambivalence qui accompagne bien le livret. D’ailleurs la mise en scène prend quelques libertés dont les plus notables sont la coupe des cheveux par Samson lui-même (que j’ai trouvé plutôt réussi) ; la culpabilité de Dalila face à son acte (qui après réflexion apporte une dimension supplémentaire qui n’est pas réprobatrice) et la fin extrême d’une immolation en couple. Le troisième acte, qui met en scène une orgie, ressemble beaucoup plus à une soirée dansante parisienne… mais le contraste (Samson humilié à terre, le peuple joyeux) et la spectaculaire musique m’ont gardés attentif.

Ce fut pour moi une soirée fort réussit, et entame ma saison de la meilleure manière.

(l’opéra en entier, écoutez au moins le premier air Dieu d’Israël ! Ecoute la prière)

L’air magnifique de Mon choeur s’ouvre à ta voix par Maria Callas

La Bacchanale, chorégraphiée par Kenneth von Heidecke.

La page du spectacle (nombreuses vidéos d’accompagnement) :

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