Le contexte nous empêche de voyager, mais pas de se souvenir de nos voyages, ni de les raconter ! Voici la reprise d’un article que j’avais posté sur MyAtlas relatif à un voyage de mai 2016. Suite à l’annonce de leur fermeture, je le reposte en version abrégée ici. C’est l’occasion pour moi de me remémorer les belles couleurs et les riches saveurs de ce pays insolite.

Ce séjour est emprunt de plusieurs records avant de même de commencer : première fois en Asie [depuis, nous sommes allés en Inde], première fois aussi loin de l’Europe, et aussi l’une des rares fois où la langue nous est complètement étrangère. N’y voyez pas des occasions de préparer notre voyage pour autant. Comme toujours, ce voyage est placé sous le signe de l’arra….. l’aventure !

Nous arpentons nos premiers kilomètres, reliant Incheon (une île au large de Séoul qui accueille l’aéroport principal) à Séoul. Dépaysement garanti, surtout par l’écriture sur les panneaux, mais très ressemblant aux villes d’Amérique du Nord dans la logique de circulation : les feux sont en face du carrefour, on peut tourner à droite au feu rouge, la signalisation routière… Le trafic est dense. Les vastes montagnes nous encerclent et touchent même la ville de Séoul, traversée par la très large rivière Han. Au sud, c’est Gangnam, la rive gauche version Séoul.

Dans les rues de Séoul

Notre première journée complète nous emmène au cœur de Séoul : le métro. Pas de problème, aguerris à celui de Paris (et de quelques autres villes du monde), le sous terrain est notre territoire. A Séoul, pas de « lost in translation ». Tout est indiqué. En coréen, certes, mais aussi en translittération anglaise ce qui nous permet de comprendre quelque chose. Et tout est numéroté. La rame, la station, les sorties de métro, les portes pour rentrer dans la rame… Un petit écran nous indique que notre métro arrive bientôt, et qu’il s’agit du numéro 4577. Le suivant est le 4083. Des télés sur le quai et dans la rame balancent de la pub pour de la liposuccion. Les coréens, absorbés par leur smartphone, n’y prêtent pas attention.

Temple de Bongeun, en plein coeur de la ville

Dans les rues étroites du vieux Séoul nous chinons et évitons les gouttes. Un pub nous substante. D’ailleurs on choisit des plats un peu au hasard à partir de photos : du poulpe et du poulet. Quand le poulpe arrive, nous constatons qu’il baigne joyeusement dans une sauce ultra piquante. La bière est notre remède. Ça passe, mais quand le second plat arrive, nous constatons qu’il s’agit de poulpe, sans équivoque. Le premier plat serait du poulet ? Mais en forme de poulpe ? Étonnant. Ah, mais… ce sont des PIEDS de poulet !! OK. Bon, on va manger du poulpe maintenant.

Le soir, un BBQ coréen, dans des rues insoupçonnées proches de la station de métro, nous convainc de la grande qualité de la cuisine. Nous sommes bien accompagnés, et les commandes se font sous le patronage de notre hôtesse bilingue [nous sommes accueillis à Séoul par de bon vieux amis]. Sitôt commandés, une constellation de plats se déverse sur notre table. Des petits récipients, très variés, présentent d’appétissants accompagnements aux grillades qui cuisent sur du charbon ardent, lui-même apporté au bout d’une tige et placé au centre de la table, dans un trou tout prévu. Le bœuf grille avec de l’ail, pour finir trempé par ici, enroulé dans une feuille de salade par là, mélangé de petits oignons crus finement tranchés… On en fini pas de tester, de goûter, de mélanger des saveurs. Nous sommes assis à même le sol et dans le restaurant règne une bonne ambiance communicative. Une soupe est servie à la fin. La diversité foisonnante ne pousse cependant pas à l’excès : les quantités sont raisonnables et les petites bouchées soigneusement préparées évitent l’écœurement. Il est rare de consommer un dessert à la suite du repas. Si on a encore faim, une pâtisserie ou une supérette voisine saura tenter les plus gros mangeurs.

Au palais de Changgyeonggung. Construit initialement sous le roi Sejung (1418-1450), il est devenu par la suite un zoo et un parc botanique sous la colonisation japonaise

Vers l’est : Yeongwol et Taebaek

Puis nous quittons Séoul pour partir vers l’est. Le choix de la destination se fait un peu au hasard à vrai dire. Nous souhaitons nous rapprocher de la nature, et la carte indique des montagnes de plus en plus nombreuses et hautes en allant vers l’est. Nous avons choisi la ville de Yeongwol, au confluent de deux grandes rivières, et plus précisément une maison (qui s’appelle « la maison » en français) un peu isolée pour y séjourner.

Le pays semble très bien desservi par les transport. Korail assure les liaisons en train et un réseau de bus relie également les villes, parfois plus rapidement que le train. Le KTX, le TGV coréen (avec les rames TGV d’ailleurs) relie en majorité Busan à Séoul. Mais nous n’allons pas dans cette direction. D’autres lignes, plus touristiques, effectuent des tronçons dans des régions naturelles (montagne, mer) avec des train aménagés pour le confort et la vue à l’extérieur. Nous n’avons pas été tenté par cette expérience, le train normal nous paraissant largement suffisant.

Au départ de Séoul, alors que nous mangeons des tok brûlants (rouleaux de pâte de riz) et particulièrement épicés, une dame âgée nous aborde et s’extasie devant nos visages d’européens. Évidemment, on ne comprend rien, mais la dame est très souriante. Elle brandit une photo de ce qui nous semble être son petit-fils qui est aussi occidental et nous offre des yaourts après avoir caressé ma barbe ! Ambiance garantie. Il faut dire que les visages européens ne courent pas les rues, et c’est fréquent qu’on nous observe. Vers l’est, c’est d’autant plus le cas.

Au marché de Yeongwol

Nous commençons une randonnée à 7h30. Au programme, une sinuosité du fleuve Dongang qui se trouve sur toutes les photos de guides touristiques. C’est clairement un lieu à voir ici, et de plus les randonnées ne se dénombrent qu’à deux, et celle-ci est une boucle. D’après ce qu’on a compris, la randonnée dure 3 heures. Nous croisons quelques randonneurs coréens, très équipés. La tendance est aux couleurs et surtout à la couverture intégrale. Leur peau n’est jamais au contact du soleil. Le chemin est bien balisé et parfois aménagé par des escaliers et des cordages. C’est assez difficile car parfois très raide pendant plusieurs centaines de mètres, mais au bout d’une heure, nous voilà sur une crête, et la forêt de pins dévoile des vues imprenables sur les montagnes d’en face, que la brume matinale estompe progressivement, ainsi que la rivière en contrebas qu’on entendait depuis peu par ses quelques rapides.

A la gare de Taebaek (prononcer Tèbèk pour passer pour un coréen), une mission nous attends : se loger. A l’office on baragouine en anglais. On en profite pour poser quelques questions, et nous voici en direction du Donga Motel, avec des horaires de bus pour aller randonner en montagne.

Le motel est très… sexy ! Après notre petite maison dans le village en montagne, on se retrouve sur un Queen bed, un écran plat géant, un ordinateur, la climatisation et des néons sous le lit et au plafond (qui changent de couleur). On en demandait pas tant. L’après-midi allant, nous sillonnons les rues et les commerces de Taebaek. C’est une ville résolument plus touristique et plus vivante que Yeongwol.

Dans les rues de Taebaek

Dans les alentours de Taebaek, nous décidons de faire une longue randonnée. Elle nous procure un grand bol d’air frais. Le lieu est parfaitement préservé et très facilement accessible pour les étrangers. Dans le bus du retour, les écoliers et écolières en uniforme entrent et sortent à divers endroits de la ville qui s’étire le long de la rivière. Il fait encore chaud. Le lendemain, nous quittons cette ville, toujours en direction de l’est.

Toujours plus à l’est : Donghae

Nous irons jusqu’au soleil

Sonia Delaunay

Nous rejoignons par le train la dernière étape de notre périple : la ville de Donghae, située sur la côte est. L’appel de la mer nous y attire. En arrivant, comme toujours, nous nous préoccupons de savoir où passer la nuit. Sur une carte touristique, des hôtels sont indiqués au centre ville, qui pour une fois n’est pas proche de la gare. Nous prenons un taxi à qui nous faisons comprendre avec la carte où nous souhaitons aller. On se promène dans les rues et élisons un hôtel à partir de photos affichées dehors (comme pour les restaurants, tiens). Les néons rouges et bleus ne nous surprennent plus.

Bien sûr, nous cherchons rapidement à voir la mer, et même repérer un emplacement duquel nous chercherons à voir le lever du soleil le lendemain. Une petite plage est à deux pas. A notre surprise, une grande famille occidentale occupe un bout de la plage. Il sont seuls d’ailleurs. Et des petits garçons courent nus dans les vagues. Ils s’approchent de nous et tentent de nouer contact, comme le font souvent les enfants avec les étrangers. On tente de deviner leur langue malgré le bruit des vagues, et nous nous trompons en les croyants néerlandais. Ils sont en fait finlandais ! La famille est ici pour une durée d’un an suite à une mutation du père.

Pour notre dernière journée de voyage, nous nous offrons le spectacle grandiose du lever de soleil sur la mer de l’est. Si on croyait être les premiers à avoir l’idée, c’est sans compter sur le logo de la ville est déjà un soleil qui se lève, et que le nom de la ville veut aussi dire soleil qui se lève (ou un truc comme ça…).

Nos repérages de la veille ont fonctionné. A 4h45 du matin la petite plage est calme, et libre de tous finlandais tous nus qui courent dans les vagues, à nous le sable fin de toute la plage. Mais c’était ignorer une porte fermée sur le pont de bois qui passe le ruisseau permettant d’y accéder. Le ruisseau étant ridiculement maigre, nous le traversons à pied sans peine ni culpabilité. Plus tard des militaires nous ordonnerons de quitter les lieux ! Ils doivent « ouvrir » la plage, bien après le spectacle auquel nous avons pu assister.

Le ciel est déjà lumineux. Un rose pâle imbibe les traînées de nuages sur nos têtes. Une myriade de bateaux de pêche en tout genre ratisse l’horizon. Trois gros cargos, déjà amarrés ici la veille, flottent, imperturbables. Il fait très doux, c’est très agréable. A cause d’une brume à mi-hauteur sur l’horizon, nous craignons de ne pas voir le soleil se lever. Mais nos craintes disparaissent lorsque naît, sur la surface de l’eau, timide, l’astre intense qui éclaire les terres d’ici avant les nôtres.

Il ne faut guère attendre que quelques minutes pour que le soleil, habitué à la manœuvre, adopte sa rondeur parfaite et s’élance dans une course d’un jour dans le ciel tout entier.

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