Cela fait environ deux ans que je suis nomade numérique (digital nomad). J’avais déjà fait un bilan au bout d’un an, à relire ici, et partagé ici et là mon expérience de nomade. Maintenant que deux ans se sont écoulés, et que je m’apprête à me sédentariser un peu plus, il est temps de refaire un bilan !

Une découverte permanente

Une des raisons principales de faire du nomadisme était de mieux découvrir les lieux (et alentours) dans lesquels j’allais résider. Notre nomadisme a consisté à rester de 3 à 6 mois au même endroit, et ceci dès le début. D’autres font le choix de bouger toutes les semaines peu ou prou, mais en travaillant à plein temps, cela nous semblait irréaliste. Beaucoup de nomades rallongent justement leur temps de résidence justement à cause de ça. Mais surtout, cela n’aurait pas correspondu à notre volonté de découvrir le pays ou la ville d’installation. Il est fréquent pour moi, alors que je suis en vacances dans un endroit, de regretter de ne pas rester plus longtemps… Les vacances n’offrent pas ce niveau de découverte et reste par essence superficiel (et je n’y vois rien de péjoratif, c’est juste autre chose). Le nomadisme m’a permis d’aller plus loin et d’assouvir cette curiosité.

Un banal week-end slovène…

La logistique du changement n’est pas négligeable

Passer d’un lieu à l’autre n’est pas un acte anodin. Il comporte beaucoup d’incertitudes. Pas les incertitudes douces et bohème du voyageur en chemin, mais d’autres plus inconfortable de dépenses de loyer, de qualité d’Internet (pour travailler) voire de fraude. A ce titre le site Nomadlist offre un moyen simple de se faire une première idée. Parfois on me demande : « mais ce n’est pas compliqué de déménager aussi souvent ? », et je vois dans les yeux terrorisés de mon interlocuteur ce que déménagement signifie pour lui ou elle. Seul le premier déménagement nous a été long (environ un mois), c’est à dire passer d’une vie de sédentaire à une vie de nomade. Il faut vendre / donner / ranger ses affaires, ses meubles, clôturer un certain nombre de tâches administratives rébarbatives (toutes en ligne cela dit). Par la suite, déménager signifiait simplement faire notre valise. Exactement lorsque nous quittons une résidence de vacances. Et pour être franc, le niveau de d’encombrement d’un nomade au long cours est semblable à une valise de vacances (une semaine de vêtements, quelques affaires de loisirs et un ordinateur portable). Pour quitter un lieu, il nous fallait environ 1 heure… sans se presser.

Non, la logistique du changement dont je parle est celle de trouver un nouveau logement ! Il faut qu’il soit bien placé en transport public (car nous nomadions sans voiture), avec un bon Internet et à un prix raisonnable. Ce à quoi nous rajoutions un critère de superficie et de bruit du quartier (dur à évaluer parfois). Airbnb a été notre plateforme préférée, car le moteur de recherche est bon et les propriétaires sérieux, mais on le paye cher à la plateforme (environ 100€ par mois). Il est très difficile de trouver en direct sans avoir de point de contact sur place, car oui nous faisions tout à distance. Cela dit, nous avons peu à peu baissé notre garde, et autant les premiers déplacements étaient stressants, autant les derniers étaient « rodés » et se sont passés plus sereinement.

Une grande difficulté reste la période estivale, où le prix des locations s’envole (partout en Europe). Notre stratégie a été dans ce cas de s’y prendre bien à l’avance, février ou mars, et cibler les locataires habitués qui sont prêts à rogner leur marge contre un confort logistique (une seule entrée et une seule sortie), qui plus est avec des voyageurs habitués.

La vie n’est pas plus chère, au contraire

En étant résidents français au départ, c’est à dire le huitième pays (sur 45) le plus cher d’Europe selon ce site, vivre dans un autre pays Européen consistait à vivre dans un pays moins cher. La dépense la plus importante pour nous était le loyer, qui restait moins cher que tout ce qu’on a connu en France, ou devrais-je préciser Paris ! Et ce malgré le fait que nous étions au dessus du marché local en passant par Airbnb, d’autres plateformes distantes ou en direct. De fait, en ne restant que quelques mois, le marché local nous était inaccessible. Imaginez trouver un logement dans une ville française pour 4 mois « seulement » (voire les mois d’été), au prix de ceux qui restent 10 ans. Impensable, il n’y a pas de marché pour ça. L’effet pervers est que nous avons contribué à augmenter les loyers locaux, ce qui n’était pas notre intention.

Dans les rues de Berlin

La dépense principale étant évacuée, il reste le sujet des déplacements d’une ville à l’autre. Nous avons opté pour l’avion, et nous avons grandement limité nos dépenses. Et ceci pour plusieurs raisons :

  1. les prix low-cost sont vraiment low-cost ;
  2. nous voyagions sur des périodes, des jours et des horaires décorrélés des déplacements de masse, grâce à un mode de travail très flexible. Les billets sont moins chers qu’en pleine saison ;
  3. nous sommes restés en Europe. Les distances moindres engendrent forcément des coûts moindres ;
  4. notre nomadisme ne nous permettait quand même pas de voyager avec un simple bagage en cabine (c’est possible dans l’absolu, mais pas notre choix), mais pour deux nous n’avions qu’un bagage en soute en général. Donc on a un peu mutualisé cette dépense ;
  5. nous restions plusieurs mois au même endroit, donc on ne prenait pas l’avion tout le temps non plus.

Enfin, le dernier point n’est pas une économie par coût moindre, mais par consommation moindre ! Le fait de ne pas vivre dans son logement et de devoir se limiter à sa valise pour les déplacements limite beaucoup les dépenses. Maintenant que je redeviens sédentaire, je vois toutes les dépenses que je me remets à faire, soit parce que mon nouvel espace me l’impose (eh oui… retour à du non meublé !) soit parce qu’il me le permet 🙂 Et parce qu’il faut aussi entretenir les possessions existantes. Ai-je vraiment besoin d’une imprimante (et de ses cartouches) ? Elle ne m’a jamais manquée en deux ans mais puisque j’en ai une je l’ai réinstallée ! J’imprime des trucs des fois… (genre une attestation, au début du confinement). Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir manqué de quelque chose en deux ans, et même je trouve que j’avais encore beaucoup trop d’affaires dans mon sac ! c’est juste un mode de vie différent, et au final beaucoup plus minimaliste.

A l’aéroport de Ljubljana

Une intégration très limitée

Si rester plusieurs mois permet de dépasser l’aspect superficiel des vacances à l’étranger, cela n’est pas suffisant pour s’intégrer véritablement. Et on en est loin. Dans chacun des pays je faisais des activités locales, mais malgré tout je n’ai jamais vraiment intégré ou constitué un groupe. C’était bien trop court ! Dans les endroits où je suis resté le plus longtemps j’ai pu nouer des amitiés avec des personnes avec qui je correspond encore. Le nomadisme est un mode de vie et de voyage solitaire. Nous avons eu la chance de le faire en couple ce qui n’est pas si fréquent chez les nomades (à part famille-nomade-digitale et nomadturtles bien sûr). Il est un bien meilleur moyen de rester au même endroit pendant longtemps et de s’engager dans des activités locales pour nouer un réseau social.

Lorsque nous étions à Toulon, la famille était proche, et pour nous c’était un bol d’air frais sur le plan social. Dans d’autres pays, nous avions des amis ou des connaissances d’avant, et les voir régulièrement était vraiment très appréciable et agréable.

Le marché du cours Lafayette à Toulon

Alors, on continue ?

Pour des raisons professionnelles (et temporaires), non. Malheureusement, car le format nous a beaucoup plu. J’envisage désormais un nouveau format qui nous permettrait de partir quelques semaines, jusqu’à un mois, tout en ayant un domicile fixe. Cela permet de « changer d’air » tout en travaillant, de limiter les efforts logistiques, et pourquoi pas de retourner aux mêmes endroits et revoir nos amis 🙂 Comme notre travail reste flexible, ce qui reste quand même la condition principale, nous gardons cette possibilité. Il est bien sûr envisageable de combiner vacances et travail au même endroit, pour rester plus longtemps et en profiter plus. Rester au même endroit va nous permettre aussi de découvrir notre région au-delà du quartier ou de la ville (notamment car on a la voiture), ce qui est une perspective réjouissante.

Lors d’un séjour travail + vacances aux Açores il y a trois mois
Maison de Champagne à Reims

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5 commentaires

  1. J’espère que le « banal » week-end slovène n’était pas péjoratif mais au contraire voulait montrer la beauté du lieu? 😉

    1. Oui c’est bien ça ! il nous fallait environ 30 minutes pour admirer des paysages semblables, ce qui est usuel pour les Slovène. Mais pour des métropolitains comme nous c’est exceptionnel ! 🙂 C’est super beau.

  2. Sympa les photos des espaces de travail. Vous arrivez à travailler côte à côte ou face à face toute la journée ? 🙂 C’est une vraie question ! Pendant le confinement j’étais content qu’on ait chacun une pièce j’avoue (pas que pour les appels, mais l’un peut être énervé par un problème et gêner l’autre…).

    1. Côte à côte non 🙂 on a travaillé trois jours comme ça (nos trois premiers jours) car l’espace dans la maison nous l’imposait. Face à face oui, c’est notre principale organisation. Pour faire des appels l’un des deux change d’endroit si l’appel est long (> 15 minutes) ou si les appels tombent en même temps. En fait c’est bien car ça permet de partager un bureau et donc de ne pas être tout seul toute la journée, sans pour autant être dérangé par la vie de bureau car nos sujets/collègues/secteurs d’activité ne se télescopent pas.

  3. Merci pour ton bilan Mickaël, super intéressant !
    Totalement d’accord avec toi concernant la logistique du changement. Même lorsqu’on est rodé, ça prend du temps de trouver un bon logement et espace de travail. D’autant plus en période estivale.
    Comme toi, on est contents de voyager en couple car c’est difficile de nouer de vraies relations avec les gens lorsqu’on bouge tous les mois ou deux..
    On vient de se réinstaller en France, à La Rochelle, mais on a hâte de repartir pour de petits séjours en nomades 😉

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